Soudan : un accord pour l’aide humanitaire, mais pas de cessez-le-feu en vue
Au Soudan, les armées des deux généraux responsables du putsch de 2021 poursuivent leurs affrontements, démarrés voici un mois, et qui mettent le pays à feu et à sang. Dans la nuit du 11 au 12 mai 2023, les émissaires des deux belligérants ont fini par signer, en Arabie saoudite, un accord « pour la protection des civils ». Il devrait permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et les transferts des réfugiés. Mais aucun accord de cessez-le-feu n’est au programme.
Il aura fallu six jours pour parvenir à un accord entre les émissaires des deux adversaires de la guerre civile qui secoue le Soudan depuis la mi-avril 2023. Finalement, dans la nuit du 11 au 12 mai 2023, les représentants de l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhane et des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, réunis à Jeddah, en Arabie saoudite, ont signé un accord « pour la protection des civils ».
Au Soudan, les deux camps s’accordent pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et l’évacuation des civils
La déclaration prévoit de « créer des passages sécurisés pour que les civils puissent quitter les zones de combats vers la direction de leur choix » et d’« autoriser et faciliter rapidement le passage de l’aide humanitaire » ainsi que « le passage des humanitaires vers et dans le pays ». Mais le document ne contient aucune allusion à un cessez-le-feu ou à une trêve, pourtant indispensable pour acheminer l’aide humanitaire dans les zones de combat.
En 2021, un putsch militaire avait chassé du pouvoir, au Soudan, un bloc civil baptisé les Forces de la liberté et du changement (FLC), un gouvernement de transition mis en place, avec le soutien de l’armée, après la chute du dictateur Omar al-Bachir en 2019. Mi-avril 2023, une partie de l’armée, menée par le général Mohamed Hamdane Daglo, fait sécession, affirmant que le putsch était en train de rétablir l’ancien régime. Depuis, les affrontements entre les deux factions ont fait plus de 750 morts décomptés, 5 000 blessés et plus de 900 000 déplacés et réfugiés.
Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir exécuté des civils. Raids aériens et pillages forment le quotidien des habitants de Khartoum, la capitale. Surtout, le manque de nourriture et d’argent fait craindre une famine de grande ampleur, qui plongerait le pays dans le chaos.