Quel impact ont les sanctions occidentales sur l’économie russe ?
Alors que Vladimir Poutine lui-même a récemment reconnu que les sanctions occidentales fragilisaient la Russie à moyen terme, comment les mesures restrictives touchent-elles l’économie russe ?
Les sanctions économiques sont la voie moyenne de la pression occidentale sur la Russie de Vladimir Poutine pour faire cesser la guerre en Ukraine, aux cotés des discussions diplomatiques et du soutien militaire.
Leur efficacité sur l’effort de guerre russe est toutefois critiqué par certains analystes. Pour autant, l’économie russe a déjà payé un lourd tribut à ces sanctions. Le produit intérieur brut (PIB) du pays aurait ainsi chuté entre 2,2 % et 3,9 % en 2022. Pour 2023, l’OCDE annonce un recul de 5,6 %, la Banque mondiale évoque -3,3 %.
« Les sanctions occidentales ont enterré les rêves de tout développement économique pendant des années, voire des décennies »
« Plus de 1.000 multinationales occidentales se sont retirées de Russie […]. Pour un pays qui dépend des importations et du transfert de technologie, les sanctions occidentales ont enterré les rêves de tout développement économique pendant des années, voire des décennies », abonde Michal Wyrebkowski, chercheur à la Yale School of Management.
Vladimir Poutine lui même a fini par le reconnaître, la semaine dernière : « Les sanctions imposées à l’économie russe à moyen terme peuvent vraiment avoir un impact négatif sur celle-ci ». Agathe Demarais, directrice des prévisions mondiales de l’Economist Intelligence Unit (EIU), le centre de recherche indépendant du magazine « The Economist », pointe un secteur-clé, visé en particulier par les Etats-Unis : l’énergie.
« Washington cherche à asphyxier le secteur énergétique russe et ramener sa part mondiale de 30 % à 15 % à long terme. Ils veulent par exemple entraver toute nouvelle exploitation de champs d’hydrocarbures dans de nouvelles régions russes du grand nord qui nécessiteront des technologies de pointe dont seuls les Etats-Unis disposent », indique la chercheuse.
Car, malgré la hausse du commerce avec la Chine, la Russie, en particulier son industrie, reste dépendante des entreprises occidentales, notamment dans l’informatique, l’électronique, les postes de commande ou de pilotage. Développer ses propres outils en la matière est hors de portée pour le Kremlin, techniquement et financièrement. Reste à savoir l’impact qu’aura cet asséchement économique sur la stratégie guerrière de Vladimir Poutine…