Géorgie : le gouvernement promet de retirer sa « loi russe », mais ne calme pas la colère populaire
Ce 9 mars 2023, le parti au pouvoir en Géorgie a annoncé le « retrait inconditionnel » d’un projet de loi qui menaçait de mettre à l’index ONG et médias financés par l’étranger. La présentation de ce que les pro-Européens dénoncent comme une « loi russe » avait mis le feu au poudre. Les manifestants avaient même tenté de prendre le Parlement géorgien, le 7 mars 2023. Reste à savoir si l’exécutif va vraiment renoncer à son projet…
En Géorgie, le parti au pouvoir, Rêve Géorgien, a présenté au Parlement, le 7 mars 2022, un projet de loi sur le contrôle des médias et ONG. Il prévoyait notamment que soit inscrit comme « agent de l’étranger » toute ONG ou média dont un cinquième du budget provenait de l’extérieur du pays.
La mesure peut sembler anodine, mais elle ressemble comme deux gouttes d’eau à une loi adoptée par la Russie en 2013. Depuis, cette disposition a facilité l’interdiction de toute voix opposée au régime. La relative proximité de Rêve Géorgien avec le Kremlin (le gouvernement n’a pas condamné l’invasion de l’Ukraine) fait craindre une utilisation similaire de la loi. Et un alignement sur les positions de Vladimir Poutine.
Un retrait stratégique pour l’exécutif, qui ne trompe pas l’opposition
Cette « loi russe » a provoqué un mouvement populaire de grande ampleur. Menés par les pro-Européens et l’opposition au régime, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans Tbilissi, la capitale, le 7 mars 2023. Le soir, ils ont même tenté de prendre d’assaut le Parlement.
Fragilisé par ce qui pourrait bien devenir une révolution, l’exécutif a fait machine arrière, du moins en apparence. Rêve Géorgien a ainsi annoncé le « retrait inconditionnel » du projet de loi, ce 9 mars au matin. Mais sans pour autant lancer la procédure parlementaire de retrait officiel, pourtant nécessaire si un projet de loi a fait l’objet d’un premier vote, ce qui est le cas de la « loi russe ».
Le communiqué de Rêve Géorgien indique d’ailleurs que son projet de loi a été « présenté sous un mauvais jour de façon trompeuse ». Le parti compte « lancer des consultations publiques pour mieux expliquer » le but de cette mesure. De quoi faire craindre à un retour par la fenêtre de la loi, quand les tensions se seront apaisées.
L’opposition ne s’y est pas trompée, qui a annoncé une nouvelle manifestation pour ce 9 mars au soir. Les pro-Européens appellent au retrait de la loi, à la reprise des négociations pour une entrée dans l’OTAN et à une accélération des réformes nécessaires pour intégrer l’Union européenne. Portant des drapeaux européens et ukrainien, les manifestants conspuaient copieusement Vladimir Poutine.