Publié le : lundi 27 février 2023

Armes nucléaires : levées de boucliers contre le retrait de la Russie de l’accord New Start

armes nucleaires levees boucliers contre retrait russie accord new start - La DiplomatieDans son allocution annuelle du 21 février 2023, à quelques jours de l’anniversaire du début de la guerre en Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a martelé que son pays sortirait vainqueur de ce conflit. Il a également annoncé une suspension de la participation de la Russie à l’accord New Start sur la non-prolifération d’armes nucléaires de grande puissance. Une prise de position qui a provoqué des réactions inquiètes et outrées en Occident. Et si c’était là, au fond, le seul but du président russe ?

Après avoir zappé l’exercice (pourtant constitutionnellement obligatoire) en 2022, le président russe Vladimir Poutine s’est exprimé, pendant deux heures, sur la politique générale du pays, ce 21 février 2023. Le conflit en Ukraine était au coeur de ce discours musclé, dont la ligne directrice était claire : « Tout pour la victoire ! ».

Il n’a certes pas apporté le moindre nouvel élément sur les moyens de remporter cette victoire, mais a fait montre d’une détermination farouche. Vladimir Poutine a même employé le mot théoriquement tabou de « guerre » – l’offensive en Ukraine est officiellement une « opération spéciale ». Preuve que des lignes craquent.

La Russie va « suspendre » sa participation à l’accord New Start

Il a également apporté un lot de promesses économiques et sociales, pour tenter de calmer un mécontentement populaire croissant. Mais c’est son annonce de la suspension de la participation de la Russie à l’accord New Start qui a fait le plus couler d’encre.

Ce traité de limitation des armes nucléaires de grande puissance et de longue portée a été signé en 2010 par la Russie et les Etats-Unis. Il fut prolongé in extremis de 5 ans en 2021. Actuellement, Russie et Etats-Unis possèdent, en tout, quatre fois moins d’ogives nucléaires de ce type que durant la guerre froide.

Vladimir Poutine a bien précisé que la Russie « suspendait » sa participation, mais qu’il ne s’agissait pas d’un retrait définitif. Le président russe a aussi appelé les autorités russes à se tenir « prêtes à des essais d’armes nucléaires » si Washington en effectuait en premier.

Les réactions, en Occident, ont été aussi dures que prévisibles. « Je regrette la décision annoncée par la Russie aujourd’hui de suspendre sa participation au traité New Start.  J’appelle la Russie à revoir sa position. Plus d’armes nucléaires et moins de contrôle des armements rendent le monde plus dangereux », a ainsi indiqué le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg.

Tout en jugeant cette décision « très décevante et irresponsable », le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s’est montré plus constructif. « Mais bien évidemment nous restons prêts à discuter sur la limitation des armes stratégiques à n’importe quel moment avec la Russie indépendamment de tout ce qui se passe dans le monde ou dans nos relations », a-t-il affirmé.

A Bruxelles, à Paris, à Londres, le ton est le même. Mais n’était-ce pas le but principal de cette déclaration ? Faire parler de la Russie, de Vladimir Poutine, renforcer la peur en Occident, semer le doute… Et faire ainsi passer à l’arrière-plan l’enlisement militaire des troupes russes en Ukraine. La stratégie du chiffon rouge n’est pas nouvelle pour Moscou.

Le Kremlin a d’ailleurs indiqué, après la levée de boucliers, qu’il allait « respecter strictement les limites quantitatives des armes stratégiques offensives ». Beaucoup de bruit pour rien, une fois encore ?

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