OTAN : l’adhésion de la Suède bloquée par la Turquie, la Finlande vers un cavalier seul ?
Faute d’obtenir l’extradition de nombreux opposants réfugiés en Suède, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan ne devrait pas lever son veto à l’adhésion de la Suède à l’OTAN. Pour la première fois, ce mardi 24 janvier 2023, la Finlande a envisagé de poursuivre seule le processus d’entrée dans l’Alliance atlantique.
Mi-mai 2022, la Suède et la Finlande ont décidé de sortir de leur neutralité historique, en lançant un processus d’adhésion à l’OTAN. Leur souhait était d’entrer de concert dans l’Alliance atlantique, en réaction à l’invasion de l’Ukraine par leur voisin russe.
Actuellement, sur les 30 membres de l’OTAN, deux n’ont pas encore ratifié la demande suédo-finlandaise. D’abord la Hongrie, mais qui affirme ne pas vouloir bloquer le processus. Et surtout la Turquie, qui met pour l’instant son veto à cette adhésion. Le président turc Recep Tayyip Erdogan exige en effet de Stockholm, pour valider sa demande, l’extradition de nombreux opposants turcs.
Peu de chance que Recep Tayyip Erdogan lève son veto à l’adhésion de la Suède à l’OTAN avant les élections de mai 2023
La liste comprend certes des membres avérés du mouvement kurde PKK, considérés par la Turquie et l’Union européenne comme terroriste. Mais aussi d’autres militants pro-kurdes ou des participants supposés du coup d’Etat de 2016. Qui plus est, la liste ne cesse de s’allonger, et compte désormais 73 noms. Si une extradition a eu lieu en décembre 2022, il semble parfaitement impossible que la justice suédoise, très indépendante, accède aux demandes du président turc.
Qui plus est, ce samedi 21 janvier, un extrémiste de droite anti-islam suédois a brûlé un Coran près de l’ambassade de Turquie en Suède. Un geste autorisé par les autorités suédoises en vertu de la liberté d’expression, mais qui a provoqué un scandale en Turquie. Recep Tayyip Erdogan a donc pu jouer la fermeté en se drapant dans une posture de défenseur de l’islam, à quatre mois d’élections présidentielle et législatives qu’il risque bien de perdre pour la première fois depuis 2003.
Devant ce blocage, et même si ces élections pourraient changer la donne, la Finlande envisage désormais de mener seule son adhésion à l’OTAN. « Nous devons évidemment évaluer la situation, si quelque chose s’est produit qui fait qu’à long terme la Suède ne peut plus avancer », a ainsi déclaré le chef de la diplomatie finlandaise, Pekka Haavisto, ce 24 janvier 2023.