Emirats arabes unis : le patron du groupe pétrolier d’Etat choisi comme président de la COP28
Les Emirats arabes unis ont désigné ce 12 janvier 2023 le président de la COP28, qu’ils organiseront à la fin de l’année. Il s’agit de Sultan Al Jaber, leur ministre de l’Industrie. Et s’il est aussi à la tête de l’entreprise d’Etat chargée des renouvelables (Masdar), c’est surtout le patron du groupe pétrolier national, la Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc). A l’heure où la présence des lobbys pétroliers à la COP27 est dénoncée, l’annonce passe mal.
Le symbole est plutôt mal choisi. Au sortir d’une COP27 décevante sur le plan des engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (malgré d’incontestables avancées sur la question des « pertes et dommages »), et où la présence d’un nombre record de membres des lobbys pétroliers a été fortement critiquée par des ONG, confier les clés du camion des négociations climatiques au patron d’un géant pétrolier semble peu judicieux.
C’est pourtant la décision que viennent de prendre les Emirats arabes unis. Le pays organise la prochaine COP, à la fin de cette année 2023. Et Abu Dhabi vient d’annoncer, ce 12 janvier 2023, que cette COP28 serait présidée par son ministre de l’Industrie, Sultan Al Jaber. Mais ce dernier est, surtout, le patron de compagnie nationale pétrolière, la Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc). Le douzième groupe pétrolier mondial, rien de moins.
Nommer le patron du groupe pétrolier national à la tête de la COP28, « équivaut à nommer le PDG d’un groupe de tabac pour superviser une conférence sur les anticancéreux »
Certes, il peut aussi se targuer de diriger Masdar, l’entreprise nationale chargée de développer les renouvelables. Mais ses prises de position sur l’urgence climatique sont plutôt discutables. Il défend notamment une augmentation des investissements annuels dans les combustibles fossiles de 600 milliards de dollars jusqu’en 2030.
Sultan Al Jaber a promis « une approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions » durant cette COP28. Une édition importante, puisqu’elle doit proposer un bilan de l’action climatique suite à l’accord de Paris. Et si l’homme mène depuis deux ans les négociations climatiques des Emirats, et si le rôle d’un président de COP est surtout technique, son peu d’empressement à défendre une sortie des hydrocarbures pose symboliquement problème.
« La crise climatique demande d’agir de manière urgente et concrète, la nomination du dirigeant du géant pétrolier d’Etat Adnoc comme président de la COP28 équivaut à nommer le PDG d’un groupe de tabac pour superviser une conférence sur les anticancéreux », a d’ailleurs taclé violemment Zeina Khalil Hajj, de l’ONG 350.org