Birmanie : au bout d’un procès au long court, 33 ans de prison pour Aung San Suu Kyi
Après un an et demi de procès, le verdict final contre Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix 1991 et ancienne dirigeante de la Birmanie durant sa parenthèse démocratique, est tombé. L’opposante numéro 1 à la junte au pouvoir a été condamnée, ce 30 décembre 2022, à 33 ans de prison. Un procès éminemment politique, dénoncé par la communauté internationale. Dont, pour la première fois, l’ONU.
Un procès à rallonge, où chaque chef d’accusation ajoutait des années de prison. Durant dix-huit mois, Aung San Suu Kyi a été régulièrement convoquée par la justice birmane pour répondre d’un nouveau délit. La procédure avait démarré en février 2021, juste après le coup d’Etat ayant amené une nouvelle junte au pouvoir.
Le 1er février 2021, les militaires avaient en effet pris le pouvoir, le jour même où devait démarrer la mandature de l’assemblée élue en novembre 2020, dont Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix 1991 pour sa lutte contre la junte précédente, était première ministre. Les militaires prétendaient agir en réaction à des irrégularités dans ces élections, pourtant jugées libres par les observateurs internationaux.
Ultime condamnation pour l’ancienne première ministre Aung San Suu Kyi, dans un procès éminemment politique
En tout, Aung San Suu Kyi a répondu à quatorze chefs d’accusation. Ce dernier volet du procès concernaient des accusations de corruption. Il a eu exceptionnellement lieu au centre pénitentiaire de Naypyidaw, la capitale. Aung San Suu Kyi y est en effet placée à l’isolement, pour éviter tout contact avec l’extérieur. En particulier avec le gouvernement en exil et sa branche armée, les « forces de défense populaires ».
Le procès s’est donc achevé le 30 décembre 2022 par une ultime condamnation à 7 ans de prison. En tout, Aung San Suu Kyi, 77 ans, a écopé de 33 ans d’emprisonnement. La communauté internationale et les associations de défense des droits humains ont dénoncé un procès politique.
Le 21 décembre 2022, l’ONU a même déposé une résolution pour demander la libération immédiate d’Aung San Suu Kyi. Si cette résolution n’aura probablement que peu d’effets réels sur la situation de l’opposante, elle a une puissante valeur symbolique. D’abord parce que le Conseil de résolution des Nations unies s’était plutôt fait remarquer par sa tiédeur sur le dossier birman. Ensuite parce que, pour une fois, ni la Russie ni la Chine n’ont opposé de veto à cette résolution.