Israël : le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou, à droite toute !
Ce 29 décembre 2022, après 6 semaines d’âpres négociations, le nouveau gouvernement israélien a prêté serment devant la Knesset. Dirigé pour la sixième fois par Benjamin Netanyahou (pour la troisième fois non consécutivement), il est homogène et situé très (très) à droite. Plus de la moitié des députés de la coalition au pouvoir appartiennent en effet à l’extrême droite et à la droite ultra-orthodoxe. Les premières mesures annoncées font frémir.
C’est dans un vacarme assourdissant que Benjamin Netanyahou a démarré son nouveau mandat à la tête du gouvernement israélien. Quatre élus de l’opposition ont en effet hurlé au scandale au début de la cérémonie où son gouvernement a prêté serment devant la Knesset. Ils ont fini par être exclus de l’assemblée.
Leurs craintes de voir le pays basculer vers la politique la plus extrémiste de son histoire sont en effet légitimes. Les élections du 1er novembre 2022 ont effet accouché d’une assemblée très à droite. Certes, le Likoud, le parti laïc de Netanyahou, est arrivé en tête, avec 30 élus sur 120. Mais l’extrême droite a doublé son nombre d’élu, de 7 à 14. La droit ultra-orthodoxe, avec 20 élus, complète la coalition droitière menée par l’homme autour duquel tourne la politique israélienne depuis une bonne vingtaine d’années.
Benjamin Netanyahou à la tête gouvernement le plus à droite de l’histoire d’Israël
Benjamin Netanyahou est en effet la première personne à occuper un mandat de premier ministre d’Israël trois fois non consécutive. En tout, il s’agit de son sixième gouvernement. Il compte 30 élus, dont seulement 4 femmes. Et sa coalition, en plus d’être la plus à droite de l’histoire du pays, est parfaitement homogène. Aucun élu arabe ne s’y trouve.
« Les négociations pour former cette coalition nous donnent un aperçu du futur gouvernement : Netanyahou sera un Premier ministre faible, il est entre les mains de ses alliés, ce sont eux qui ont le pouvoir, pas lui », s’inquiète Sharron Haskel, ancienne députée du Likoud qui a rejoint Nouvel Espoir en 2020, un parti de droite libérale qui faisait partie du gouvernement sortant dirigé par Yaïr Lapid.
Une des mesures de l’accord de coalition fait d’ailleurs trembler les défenseurs des droits civiques. Elle autoriserait n’importe quel professionnel à refuser la vente d’un service ou d’un produit si ses convictions religieuses s’y opposent. Un médecin pourrait donc par exemple refuser de soigner un homosexuel ou un musulman. De quoi instaurer une ségrégation de fait, avec des conséquences sociales désastreuses.
Au-delà, l’opposition craint, en vrac, une annexion pure et simple d’une partie de la Cisjordanie, la légalisation de nombreuses colonies sauvages, des atteintes au système démocratique ou des actions militaires agressives. Une centaine de diplomates israéliens ont d’ailleurs signé une pétition dénonçant les risques d’une politique « extrémiste » sur les relations internationales d’Israël. Pilotes de l’armée de l’air ou magistrats ont manifesté contre l’accord de coalition. Malgré sa majorité, les premiers pas du nouveau gouvernement s’annoncent délicats.