Scandale de corruption au Parlement européen : la vice-présidente Eva Kaili sous les verrous
Accusé d’avoir reçu de l’argent pour défendre les intérêts du Qatar, la grecque Eva Kaili, une des vice-présidentes du Parlement européenne, a été incarcérée ce 11 décembre 2022 pour corruption. Trois autres personnes ont été appréhendées. Un élu européen belge serait lui aussi dans le viseur de la justice. La semaine s’annonce tendue dans l’hémicycle.
L’affaire a éclaté ce 9 décembre 2022. L’eurodéputée grecques Eva Kaili, une des vice-présidentes du Parlement européen (du groupe S&D des socialistes et démocrates), a été formellement accusée de corruption. Elle aurait, en échange d’argent, accepté de redresser l’image du Qatar, et influencer les décisions de l’assemblée européenne.
Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen, accusée de corruption au bénéfice du Qatar
Ce 11 décembre 2022, elle a été inculpée et écrouée en Belgique, ainsi que trois autres personnes, pour « appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d’argent et corruption ».
Une série de perquisition ont permis de mettre la main sur du matériel informatique, des téléphones portables et, surtout, des sacs de billets de banque pour 600 000 euros. Cette découverte actant le « flagrant délit », Eva Kaili n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire. Ce samedi, la présidente du Parlement Roberta Metsola a suspendu avec effet immédiat tous les pouvoirs, devoirs et tâches délégués Eva Kaili. Le groupe S&D l’a exclu dans la foulée.
Fin novembre 2022, le Parlement européen avait adopté une motion condamnant les violations des droits humains au Qatar. Plusieurs eurodéputés S&D avaient voté contre. Durant les débats, Eva Kaili avait choqué en déclarant notamment que le Qatar était « un pionnier en matière de droits du travail ». Elle avait ajouté que les Européens « n’avaient aucun droit moral de lui faire la leçon ». Des déclarations qui prennent une toute autre signification désormais…
Ce week-end, le domicile d’un eurodéputé belge a étélui aussi perquisitionné dans le cadre de cette enquête. La question est de savoir, désormais, quelle était l’ampleur de la corruption, et si des votes ont été achetés en masse.
Pour l’ONG Transparency International, cette arrestation n’est que le début d’un scandale qui pourrait dévaster le Parlement européen. L’organisation estime ainsi qu’« il ne s’agit pas d’un incident isolé. […] Depuis plusieurs décennies, le Parlement a laissé se développer une culture de l’impunité ».