Pris en tenaille entre les accusations de corruption qui s’accumulaient et un Parlement orienté à droite, le président du Pérou, Pedro Castillo, a tenté de dissoudre ce Parlement, afin de conserver le pouvoir. Sa manoeuvre a échoué, et il a été destitué dans la foulée. Sa vice-présidente Dina Boluarte, qui a condamné son acte, a été investie présidente de la République.

Le Pérou s’est fait une spécialité, ces dernières années, des crises politiques graves, conduisant parfois à la destitution du président en exercice. Martin Vizcarra (pourtant extrêmement populaire) en 2020, Pablo Kuczynski en 2018… Et désormais Pedro Castillo en 2022.

Pedro Castillo échoue à dissoudre le Parlement, et est destitué dans la foulée, sa vice-présidente Dina Boluarte investie

Elu président l’année dernière, le leader Peru Libre, un parti d’inspiration marxiste, a rapidement épuisé tout son crédit. Mis en cause dans six affaires de corruption différentes, il avait perdu un à un tous ses soutiens. Il a donc tenté, ce 7 décembre 2022, de dissoudre le Parlement, à majorité de droite, pour se reconstituer une majorité.

Mais il a échoué, et sa manoeuvre a été unanimement jugée comme une tentative de coup d’Etat. Et, alors qu’il tentait de s’enfuir vers l’ambassade du Mexique, les forces de l’ordre l’ont appréhendé. Le Parlement a alors déposé une motion de destitution, la troisième en dix-sept mois de mandat. Elle a été approuvé par 101 députés sur 130.

Pedro Castillo a été transféré en hélicoptère vers une base des forces spéciales de police. Une enquête pour « rébellion » a été ouverte contre lui dans la foulée. Conformément à la Constitution péruvienne, sa vice-présidente Dina Boluarte, du même parti, a été investie présidente. C’est la première femme à occuper ce poste au Pérou.

Elle a condamné fermement la tentative de dissolution de son prédécesseur, pointant « une tentative de coup d’Etat promue par Pedro Castillo qui n’a trouvé aucun écho dans les institutions de la démocratie ni dans la rue ». Dina Boluarte s’est dite prête à travailler avec le Parlement en place. Elle pourrait occuper ce poste jusqu’en 2026.