Les autres ne pensent pas comme nous : une leçon de pragmatisme diplomatique par Maurice Gourdault-Montagne
Le diplomate Maurice Gourdault-Montagne, ancien ambassadeur, proche d’Alain Juppé et de Jacques Chirac, expose dans ses mémoire, Les autres ne pensent pas comme nous, la nécessité de prendre en compte les différences d’histoire, de culture, de mentalité entre les différents pays du monde. Afin de ne pas se perdre dans une diplomatie franco-centrée.
Les mémoires de diplomates sont un genre littéraire aussi balisé qu’apprécié. L’ouvrage de Maurice Gourdault-Montagne, Les autres ne pensent pas comme nous, se plie au contraintes du genre. Mais en ajoutant une dose de réflexions géopolitiques et de pragmatisme diplomatique.
L’homme a mené une carrière soutenue par des attachements politiques forts, et ne s’en cache pas. Outre plusieurs postes d’ambassadeurs, notamment en Allemagne, il fut ainsi directeur de cabinet d’Alain Juppé, alors Premier ministre, puis « sherpa » de Jacques Chirac à l’Elysée.
Maurice Gourdault-Montagne défend une diplomatie sans dogmatisme
Il insiste sur la nécessité de comprendre les autres pays, les autres dirigeants, sans s’imaginer que leur vision du monde est la même que la nôtre. Il refuse tout dogmatisme ou posture drapée dans des valeurs.
Ainsi, s’il ne soutient pas les invasions de Vladimir Poutine, Maurice Gourdault-Montagne s’inquiète par exemple d’une « hystérie anti-russe », et critique la posture américaine qui visait, dès la fin des années 1990, à rapprocher l’Ukraine de l’OTAN, au risque de froisser le Kremlin.
Son ouvrage est surtout un beau plaidoyer pour l’efficacité du corps diplomatique français. Et un message d’inquiétude sur son rétrécissement, ces dernières années. 28 000 en 1986, les diplomates français ne sont plus que 13 000 aujourd’hui. Avec de vraies conséquences sur l’efficacité de la diplomatie française.
« Beaucoup d’idées fausses circulent pour justifier cette baisse drastique, à commencer par l’affirmation selon laquelle les appels téléphoniques entre dirigeants se substituent aux canaux diplomatiques habituels, alors que sans préparation de la conversation par ceux dont c’est le métier, on n’a rien à se dire de bien solide », rappelle Maurice Gourdault-Montagne.