La Russie suspend l’accord céréalier et menace le monde de famine
Prétextant une attaque de drones sur sa flotte stationnée en Crimée, la Russie a suspendu ce dimanche 30 octobre l’accord céréalier avec l’Ukraine, obtenu de haute lutte en juillet 2022. Les navires russes bloquent depuis tous les navires cherchant à quitter l’Ukraine. Faisant peser un risque majeur de famine mondiale.
En juillet 2022, la Russie accepte de signer un accord avec l’Ukraine, sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, visant à laisser libre passage aux navires ukrainiens chargés de céréales, pour détendre les approvisionnements alimentaires mondiaux, notamment en Asie et en Afrique, face à un risque réel de famine.
Or, ce samedi 29 octobre 2022, le Kremlin a accusé l’Ukraine d’une attaque de drones sur sa flotte en mer Noire. Et a mis fin à l’accord. Ce dimanche 30 octobre, aucun navire céréalier n’a pu quitter les ports ukrainiens.
« Compte tenu de l’acte terroriste réalisé par le régime de Kiev avec la participation d’experts britanniques contre des navires de la flotte de la mer Noire et des navires civils impliqués dans la sécurité des couloirs céréaliers, la Russie suspend sa participation à la mise en oeuvre de l’accord sur les exportations des produits agricoles des ports ukrainiens », a annoncé le ministère russe de la Défense sur Telegram.
La rupture de l’accord céréalier par la Russie est « scandaleux » pour Joe Biden
L’ONU et l’Occident ont vivement critiqué la décision du Kremlin. « En suspendant cet accord, la Russie utilise à nouveau la nourriture comme une arme dans la guerre qu’elle a déclenchée, ce qui a un impact direct sur les pays à revenu faible et moyen et sur les prix mondiaux des denrées alimentaires, et exacerbe des crises humanitaires et une insécurité alimentaire déjà graves », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. Son président, Joe Biden, a jugé ce blocage « scandaleux ».
Même son de cloche pour le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, qui « exhorte la Russie à revenir sur sa décision ». Le Kremlin « met en danger la principale voie d’exportation de céréales et engrais dont on a besoin pour répondre à la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre », ajoute-t-il.
En mettant ainsi les denrées alimentaires dans la balance, la Russie semble vouloir rallier à sa cause les pays pauvres d’Asie ou d’Afrique, pour qu’ils fassent pression sur l’Occident et aident à desserrer les sanctions pesant sur la Russie. Mais cette stratégie est à double tranchant. Elle pourrait isoler encore davantage Moscou sur la scène internationale.