Sommet de Samarcande : le vent tourne pour la Russie
Accusée une nouvelle fois de crimes de guerre en Ukraine, menacée par l’Union européenne de la mise en place d’un tribunal international dédiée, la Russie comptait sur le sommet du « groupe de Shangaï » (Russie, Inde, Chine, Turquie, tous les pays d’Asie centrale) à Samarcande pour reprendre diplomatiquement du poil de la bête. Or, au-delà des sourires sur les photos, le soutien à la politique guerrière de Vladimir Poutine s’estompe. Y compris chez ses plus fidèles alliés.
Mise à mal sur le plan militaire par la contre-offensive ukrainienne, la Russie est également de plus en plus fragilisée diplomatiquement. Coté Occident, la découverte d’un charnier à Izioum (nord-est) a provoqué une condamnation unanime. La présidence tchèque de l’Union européenne a même demandé la création d’un tribunal international pour juger les crimes de guerre russe.
Aucun franc soutien à la Russie au sommet de Samarcande, même de l’Inde ou la Chine
Vladimir Poutine comptait donc redorer son blason diplomatique lors du sommet de Samarcande, en Ouzbékistan, qui réunissait ce 16 octobre 2022 les pays du « groupe de Shangaï » : Russie, Inde, Chine, Turquie, et tous les pays d’Asie centrale. L’occasion de multiplier les poignées de main face aux photographes. Mais aussi de sentir que le soutien des alliés de la Russie commençait à s’effilocher.
Vladimir Poutine lui-même a reconnu que le président chinois Xi Jinping lui avait exprimé en coulisses ses « préoccupations ». Durant la conférence plénière, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a appelé son homologue russe à mettre fin au conflit « au plus vite ». Shavkat Mirziyoyev, le président ouzbek, a insisté sur les mérites du « dialogue ». Et son homologue kazakhstanais, Kassym-Jomart Tokayev, sur l’importance du respect de « l’intégrité territoriale ».
Enfin, Narendra Modi, président indien, qui s’était abstenu jusque là de toute critique frontale contre la Russie, et avait même refusé de voter la résolution de l’ONU condamnant l’invasion russe de l’Ukraine, a déclaré à Vladimir Poutine que, pour lui, « l’heure n’était pas à la guerre ».