La Turquie veut renouer les relations diplomatiques avec la Syrie de Bachar al-Assad
Après dix ans de franche opposition, la politique diplomatique de la Turquie vis-à-vis de la Syrie de Bachar al-Assad est en pleine mutation. La double volonté de lutter contre les milices kurdes présentes dans le nord de la Syrie et de se libérer des quatre millions de réfugiés syriens présents sur son sol explique ce volte-face du président turc Recep Tayyip Erdoğan.
Le changement de ton est spectaculaire. Depuis plus de dix ans, le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdoğan, n’avait pas de mots assez durs pour qualifier le régime de Bachar al-Assad. Il souhaitait publiquement sa chute, traitant régulièrement le dirigeant de meurtrier.
Recep Tayyip Erdoğan veut rapprocher la Turquie de la Syrie de Bachar al-Assad
Mais, en cet été 2022, la donne est en train de changer, en même temps que les priorités de la Turquie. Sur le dossier syrien, la lutte contre les Forces démocratiques syriennes (FDS), ces milices pro-kurdes, proches du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), guide désormais l’essentiel de la politique étrangère d’Ankara. D’où un évident intérêt commun avec Damas : se débarrasser de ces combattants, certes utiles pour éliminer les djihadistes de l’Etat Islamique, mais dont la puissance militaire devient gênante, des deux cotés de la frontière.
Il semblerait également que Recep Tayyip Erdoğan cède du terrain à son opposition sur la question des quatre millions de réfugiés syriens présents en Turquie. Après dix ans d’accueil, la lassitude gagne, et normaliser les relations avec Damas pourrait aider à pacifier la Syrie. Et, à terme, envisager le retour des réfugiés syriens chez eux.
Ce 11 août 2022, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu a ainsi déclaré que Damas et Ankara devaient se « réconcilier ». Puis c’est Devlet Bahçeli, le chef du Parti d’action nationaliste (MHP, extrême droite), principal allié politique de Recep Tayyip Erdoğan, qui a milité pour un rétablissement des relations avec Bachar al-Assad.
Et, en cette fin août 2022, le président turc a indiqué que le « ressentiment » n’avait pas sa place en politique. Il a ainsi estimé nécessaire de franchir « de nouvelles étapes » avec la Syrie. Vers un grand pardon à la mode turco-syrienne ?