Taïwan : le torchon brûle entre la Chine et les Etats-Unis
La visite de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan, a provoqué une crise diplomatique majeure. La Chine s’est lancé dans d’impressionnantes manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan, y bloquant toute navigation, et a rompu plusieurs accords avec les Etats-Unis, notamment sur le changement climatique.
Voici 25 ans qu’aucun élu politique américain n’avait pas foulé le sol de Taïwan. La visite à Taipeh de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, était donc un événement majeur. Elle y a notamment rencontré la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen. Et a déclenché une profonde colère de la Chine.
Dans la foulée de cette visite, Pékin s’est en effet lancé dans une véritable démonstration de force, via quatre jours de manoeuvres militaires dans le détroit de Taïwan. Navires de guerre et avions ont occupé la zone, les survols aériens de Taïwan se sont multipliés.
Sanctions de la Chine contre les Etats-Unis pour leur soutien à Taïwan
Sur le plan diplomatique, la Chine a annoncé une série de sanctions contre les Etats-Unis pour ce soutien affiché à Taïwan. Le plus spectaculaire, et celui aux conséquences potentielles les plus graves pour l’humanité, est sans doute la fin de l’accord de coopération sur le changement climatique signé par les deux pays à la COP26. A quatre mois de la COP27, le symbole est aussi fort que préoccupant.
Reste à savoir quelles suites auront ces manoeuvres. La Chine n’est pas parvenue à imposer à la communauté internationale l’effacement de la notion de ligne médiane dans le détroit de Taïwan.
« C’est un bilan mitigé pour la Chine. Cela ne dit rien de plus sur la capacité de Pékin à envahir Taïwan. (…) La Chine a aussi besoin de Taïwan, qui a été l’un des premiers investisseurs en Chine, et la croissance chinoise doit énormément aux entrepreneurs taïwanais. Le patron de TSMC [spécialisé dans les semi-conducteurs, NDLR] a d’ailleurs dit que s’il y avait la guerre, les Chinois seraient les premiers à s’en mordre les doigts car ils ne sont pas capables de produire ce que font les Taïwanais », commente pour Les Echos Valérie Niquet, chercheuse à la Fondation pour la recherche stratégique.