L’Union européenne s’entend sur les salaires minimaux
Dans la nuit du 6 au 7 juin 2022, le Conseil et le Parlement européen sont parvenus à un accord sur le projet de directive relative aux « salaires minimaux adéquats » dans l’Union. Certes, n’étant pas contraignante et n’imposant pas de SMIC européen (même pondéré), sa portée opérationnelle sera limité. Mais elle reste un symbole politique fort.
Certes, l’Union européenne ne va pas se doter demain d’un SMIC européen. Les niveaux de vie étant très différents d’un pays de l’Union à l’autre, la démarche aurait peu de sens. Pour autant, les analyses montrent que les salaires minimums des pays de l’Est de l’Europe, ramené au niveau de vie moyen local, accordent un pouvoir d’achat moindre que ceux de l’Europe occidentale. Le tout dans un contexte de croissance en berne.
C’est pour tenter de combler cet écart que l’Union européenne planche depuis deux ans sur une directive relative aux « salaires minimaux adéquats ». C’était l’un des chevaux de bataille de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à sa nomination. Et, dans le nuit du 6 au 7 juin 2022, le Conseil et le Parlement européen ont fini par adopter la directive.
La directive européenne sur les salaires minimaux adoptée
Elle n’impose pas de montant minimum européen, même pondéré sur les niveaux de vie. Elle n’oblige même pas les six États ne disposant pas d’un SMIC de l’adopter. Ces pays (Autriche, Chypre, Danemark, Finlande, Italie et Suède) privilégient en effet les négociations de branche, et les salaires planchers y sont plutôt corrects.
Le texte final invite donc les Etats membres à atteindre un niveau « adéquat » de salaire minimum, garantissant une « vie décente », et à se doter de critères clairs de progression. Le texte ne définit pas clairement ce niveau « adéquat ». Mais il appelle à s’appuyer sur des indicateurs utilisés au niveau international. La directive évoque 60 % du salaire médian brut ou 50 % du salaire moyen brut.
Reste à savoir si cette directive incitera bien les pays de l’Est à revaloriser leurs salaires minimum, et à les indexer sur l’évolution du coût de la vie. Mais, quoi qu’il en soit, le symbole politique d’une Europe traitant (aussi) les question sociales demeure fort.