L’Ouzbékistan prend ses distances avec la Russie de Vladimir Poutine
Historiquement situé, depuis son indépendance, dans la sphère d’influence de la Russie, l’Ouzbékistan a pris de nettes distances avec Moscou depuis l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine. Le pays a entamé depuis cinq ans un virage libéral, avec un président réformateur.
Après avoir vécu 26 ans sous le joug d’Islam Karimov, président autoritaire du pays depuis son indépendance en 1990, l’Ouzbékistan est entré en 2016 dans une transition libérale. Certes, son nouveau président, Chavkat Mirzioïev, fut premier ministre de Karimov pendant 13 ans. Mais il mène depuis une politique plus réformatrice, avec un démocratisation qui progresse, et une économie de plus en plus libérale.
Cette transition s’accompagne d’une prise de distance avec le grand frère russe. Karimov était un allié absolu de la Russie de Vladimir Poutine. Mais, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, l’Ouzbékistan montre peu d’empressement à soutenir la Russie, au contraire.
L’Ouzbékistan reconnaît « l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine »
Le pays a adopté une position officielle de neutralité. Il s’est abstenu durant le dernier vote de l’Assemblée générale des Nations unies condamnant l’invasion russe. L’Ouzbékistan a par ailleurs assuré qu’il ne reconnaîtrait pas les « Républiques » du Donbass. « La république d’Ouzbékistan reconnaît l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a affirmé le 17 mars le ministre des Affaires étrangères Abdulaziz Komilov.
Ce 1er avril 2022, pour l’ouverture du Premier Forum d’investissements à Tachkent, où se pressaient banquiers et financiers venus d’Occident ou du Moyen-Orient, le président Chavkat Mirzioïev a fait un discours qui, certes, ne condamnait pas explicitement l’invasion russe, mais marquait une nette distance avec le Kremlin. « Le monde change et l’Ouzbékistan fera tout pour s’adapter afin de rester intégré à ce monde », a-t-il toutefois affirmé. Pour qui sait lire entre les lignes, une façon de se désolidariser de Moscou.