L’Espagne change de doctrine sur le Sahara Occidental et se rapproche du Maroc
Le premier ministre espagnol Pedro Sánchez vient de bouleverser un équilibre diplomatique en cours depuis plus de 40 ans dans le Maghreb. Il a en effet annoncé que l’Espagne s’alignait désormais sur la doctrine du Maroc sur l’avenir du Sahara Occidental, via un processus d’autonomie sous tutelle marocaine. Soit une rupture avec l’Algérie, ardente défenseur de l’indépendance sahraouie, et premier fournisseur de gaz fossile de l’Espagne.
Depuis le départ du colonisateur espagnol, l’avenir et le statut du Sahara Occidental est en suspens. Il fait l’objet d’un violent désaccord entre le Maroc, qui le considère comme une partie de son territoire, et l’Algérie, qui milite pour une autodétermination. Historiquement, l’Espagne s’était toujours davantage alignée sur les positions algériennes.
Les tensions sur ce sujet ont monté d’un cran l’année dernière. Suite à l’hospitalisation en Espagne de Brahim Ghali, le leader du Front Polisario, le Maroc a ainsi retiré son ambassade à Madrid en 2021. Puis a laissé des fuites béantes dans ses frontières, provoquant un afflux de migrants en Espagne.
Sahara Occidental : Pedro Sánchez fait basculer l’Espagne du côté du Maroc
Dans la foulée, Maroc et Algérie ont rompu leurs relations diplomatiques à l’été 2021. Provoquant, en octobre 2021, le non-renouvellement du contrat du Gazoduc Maghreb Europe, qui acheminait du gaz fossile d’Algérie en Espagne, via le Maroc, ce dernier recevant en échange du gaz algérien.
L’Algérie a promis à l’Espagne qu’elle assurerait une fourniture de gaz fossile identique, via un second gazoduc et du GNL. Mais Alger n’a pas tenu ses promesses. Et la part du gaz algérien dans les importations espagnoles est tombée à moins de 25% début 2022. Contre 38% sur l’année 2021.
C’est dans ce contexte que, ce 21 mars 2022, le premier ministre espagnol Pedro Sánchez vient de renverser le statu quo sur l’avenir du Sahara Occidental. Son ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, a ainsi indiqué que le plan « d’autonomie » dessiné par Rabat était « la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Une décision qui devrait satisfaire la diplomatie marocaine. Et profondément agacer son homologue algérienne…