La Côte d’Ivoire va investir pour accélérer la modernisation de son secteur privé
La Côte d’Ivoire envisage de profiter de la reprise post-pandémique pour moderniser son secteur privé et réduire la part de l’économie informelle, qui représente toujours environ 40 % de l’activité. Un faible endettement et de bonnes perspectives économiques devraient lui permettre d’accélérer sereinement ses investissements.
Indicateurs au vert
« La Côte d’Ivoire n’a aucun clignotant au rouge », a indiqué, mardi 1er février, Kanvaly Diomandé, le président de la Cour des comptes ivoirienne, ajoutant même que le bilan comptable du pays était rassurant. La Côte d’Ivoire est assurément loin du taux d’endettement moyen des États de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (70 % du PIB), la juridiction financière évaluant le ratio ivoirien à environ 47 % en 2021, en légère augmentation avec la pandémie.
En plus de ce bon bilan comptable, les perspectives sont réjouissantes pour l’économie ivoirienne : lors de ses derniers vœux à la Nation, le président Alassane Ouattara a annoncé que son pays avait été résilient avec 2 % de croissance économique en 2020 et 6,5 % en 2021. Une dynamique qui devrait se prolonger en 2022 : le taux de croissance projeté est estimé à 7 %.
Depuis 2011, les différents investissements — notamment dans les infrastructures (projet PRICI) et la gouvernance de la filière cacao (« réforme Ouattara ») — ont déjà permis de réduire le taux de pauvreté à « 37,2 % (en 2020, NDLR) contre 51 % en 2011, et ceci en dépit des conséquences socio-économiques de la décennie de la crise politico-militaire », indiquait en 2020 l’ancien Premier ministre, feu Amadou Gon Coulibaly. Avant la pandémie, le revenu national brut par habitant avait également quasiment doublé en 6 ans d’après les estimations de la Banque mondiale (1110 $ en 2011, 2030 $ en 2017), malgré la croissance démographique du pays (environ 25 % d’individus en plus depuis 2011). Mais Alassane Ouattara veut « aller encore plus loin ».
« Aller encore plus loin »
Fort d’un bon bilan et bénéficiant de perspectives de croissance encourageantes, le président de la Côte d’Ivoire veut passer à la vitesse supérieure : « Nous devons aller encore plus loin et plus vite dans la transformation de notre pays et l’amélioration des conditions de vie de chacun de ses habitants », a-t il affirmé dans ses vœux à la Nation pour 2022.
Pour cela, le troisième mandat d’Alassane Ouattara devrait être placé sous le signe de la modernisation de la structure de l’économie nationale. Le secteur privé fera donc l’objet d’une « attention particulière », afin de favoriser « l’émergence de champions nationaux ». Au programme : poursuite de la modernisation agricole, augmentation du pouvoir d’achat et accélération de l’industrialisation du pays via la transformation locale de matières premières. Un fonds va également être mis en place pour « accompagner et promouvoir » le financement des PME, des startups, et l’inclusion des jeunes et des femmes.
Santé et agriculture
L’exécutif a réalisé différents investissements dans l’objectif d’améliorer la vie des Ivoiriens. Ainsi, selon le gouvernement, près de 70 % de la population vit désormais à moins de 5 km d’un centre de santé. Un progrès notable, sachant que les violences pendant la guerre civile ivoirienne (2002-2007), puis la crise postélectorale (2010-2011), avaient mis le réseau national au bord du gouffre. Alassane Ouattara avait d’ailleurs fait de la santé une des priorités de son mandat et avait annoncé la mise en place d’une couverture maladie universelle. Promesse tenue : en mai 2021, 6 ans après sa mise en place – et malgré la pandémie – cette dernière permettait de protéger déjà 12 % des Ivoiriens, en dépit des difficultés de financement, liées au caractère informel d’une grande partie de l’économie (environ 40 %) .
Des investissements ont également été réalisés pour promouvoir la transition numérique d’un des secteurs clés de l’économie ivoirienne : l’agriculture. Représentant 28 % du PIB et 40 % des exportations du pays avant la pandémie, cette activité peut désormais compter pour sa modernisation sur le soutien de l’État, par l’intermédiaire du Projet d’urgence agricole, doté de 12,24 milliards de FCFA depuis le 26 juillet 2021. Selon le gouvernement, « cette initiative permettra aux acteurs des filières agricoles concernées de bénéficier de crédits à taux zéro. Elle facilitera également leur transition vers une économie de marché basée sur des pratiques agricoles résilientes aux changements climatiques et sobres en carbone ».