Afrique : malgré des initiatives originales, un manque d’infrastructures persistant
Avec l’explosion démographique africaine et la pandémie, la nécessité de mettre à niveau les infrastructures du continent est redevenue primordiale, en particulier pour les pays subsahariens. Or, pour ces derniers, trouver des financements reste un défi.
Selon Olivier Picard, patron d’Ellipse Projects, une société française qui fournit des infrastructures aux pays émergents, « la question n’est aujourd’hui pas de savoir s’il faut ou non de nouvelles infrastructures dans les pays émergents, mais plutôt : Comment fournir de nouvelles infrastructures dans les meilleurs délais, aux coûts les plus avantageux et comment garantir leur fonctionnement sur le long terme ? ». C’est d’autant plus vrai en Afrique dont les besoins devraient exploser.
Avec la croissance démographique la plus rapide de la planète depuis l’an 2000, le poids de la population du continent dans le monde est passé de 11 % en 2000 à 14 %, fait exceptionnel dans l’histoire de l’humanité selon les démographes Dominique Tabutin et Bruno Schoumaker. L’ONU prévoit même que d’ici 2050, la population africaine devrait doubler pour atteindre les 2,4 milliards d’habitants. Avec de telles projections, le manque d’infrastructures représente un défi pour l’Afrique.
Un manque criant d’infrastructures rappelé par la pandémie
Selon la Banque mondiale, le taux d’urbains dans la région subsaharienne serait par exemple passé d’environ 30 % de la population totale en 2000 à plus de 41 % en 2020. Ainsi, selon l’Institut de l’Épargne immobilière & Foncière, la population des villes africaines croîtrait d’au moins 5 % à 7 % par an, soit un doublement tous les 10 ans. Il faudrait donc faire évoluer les infrastructures au même rythme or, à en croire Sanjeev Gupta de la Société Financière Africaine, « le déficit d’infrastructures en termes financiers réels en Afrique est de l’ordre de 100 milliards de dollars, rien que pour le maintenir à son niveau actuel ». Et en 2020, l’OCDE alertait : « le statu quo ne suffira pas à relever les défis démographiques de l’Afrique et à atteindre ses objectifs de développement ». L’Afrique est donc face à un problème de taille.
Cependant, la pandémie aura eu un avantage pour le continent, celui de reprioriser le développement des infrastructures. De l’aveu même de Solomon Quaynor, vice-président de la Banque Africaine de Développement, « l’un des effets positifs potentiels de cette crise est qu’elle nous pousse tous à nous concentrer sur nos priorités, à veiller à bâtir des infrastructures de qualité pour tirer le maximum d’effets positifs sur l’économie et résister aux catastrophes naturelles et aux pandémies à venir ». Mais comment financer ces projets ?
Solutions de financement originales : l’exemple Ellipse Projects
Avec des niveaux de dettes au plus hauts suite à la pandémie et une dette chinoise qui selon Olivier Picard reste difficile à « cerner (…) parce que la Chine elle-même, demande dans le cadre de certains accords à ce qu’elle ne soit pas révélée. Ce qui pose un problème de confidentialité sur l’existence même de ces dettes », les pays africains sont pris dans un cercle vicieux malgré leur croissance : sans infrastructures suffisantes, cette dernière est ralentie ce qui empêche par voie de conséquence … le financement rapide de nouvelles infrastructures. L’OCDE s’en inquiétait et rappelait en 2020 que « de nouveaux modèles de développement des infrastructures sont nécessaires alors que la démographie de l’Afrique transforme sa géographie économique ».
Une des solutions pourrait être la multiplication des initiatives comme celles d’Ellipse Projects qui propose depuis plus de 10 ans des projets « clefs en main », pour lesquels elle apporte la partie financement, conception, construction et maintenance après s’être assurée de leur viabilité. L’entreprise a par exemple livré au Kenya en juin 2017 un système de radiocommunication nourri à l’énergie solaire ou plus récemment quatre hôpitaux au Sénégal (Touba, Kédougou, Sédhiou et Kaffrine).
L’OCDE préconise pour sa part d’« étendre le label qualité du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA) afin de certifier la qualité des infrastructures et de créer une plateforme pour améliorer l’apprentissage entre pairs en temps réel et la mise en commun des bonnes pratiques dans les métiers des infrastructures en Afrique ». Selon l’organisation internationale, un des grands problèmes du continent est, avant la qualité, le délai entre l’idée d’une infrastructure et sa livraison qui court souvent sur plusieurs décennies.