Groenland : les électeurs rejettent un vaste projet minier
Au Groenland, les législatives du 6 avril 2021 ont été remportées par un parti dont le grand axe de campagne est l’opposition à un vaste projet minier dans le sud du pays. Les conséquences de la possible extraction d’uranium et de terres rares dans cette région agricole et touristique inquiètent en effet les habitants du territoire autonome danois.
Au Groenland, les 40 000 électeurs ont dit « non » au développement économique à tout prix. Depuis une dizaine d’années, la société australienne Greenland Minerals avance en effet ses pions pour un vaste projet minier au sud du territoire autonome danois. La montagne de Kuannersuit contient la plus grande réserve de terres rares du monde, ainsi qu’un vaste gisement d’uranium. Ce projet pourrait créer 700 emplois locaux et rapporter environ 200 millions d’euros par an au gouvernement autonome. Il manquait à Greenland Minerals un ultime feu vert, d’ici fin 2021, pour démarrer les travaux.
Les partis opposés au projet minier sont majoritaires dans le nouveau Parlement du Groenland
Dès lors, ce projet minier s’est retrouvé au coeur de la campagne des législatives du 6 avril 2021. Et c’est l’Inuit Ataqatigiit (IA) de Mute B. Egede, parti de gauche (dont le nom signifie Communauté inuite), qui les a remporté, avec 36,6% des voix, devançant le Siumut (social-démocrate) du Premier ministre sortant Kim Kielsen (29,4 % des voix), implicitement favorable au projet. Or, l’Inuit Ataqatigiit est actuellement le principal parti anti-uranium du Groenland. Les partis opposés au projet minier sont d’ailleurs majoritaires dans le Nouveau Parlement.
Dans leur ensemble, les groenlandais ne sont pas favorables à l’extraction d’uranium. Un récent sondage révèle un taux d’opposition de 63%. La montagne de Kuannersuit se situe en effet dans l’une des rares régions agricoles du Groenland. Elle est également proche d’un village touristique de 1.500 habitants. « Le scepticisme est grand. Pêcheurs, chasseurs, éleveurs de moutons, etc., sont sortis de leur silence pour rejoindre les plus critiques », exposait Sara Olsvig, l’ancienne présidente du parti IA, avant le scrutin.
Une majorité des partis élus « restent malgré tout favorables à des projets miniers – il y en a d’autres en cours d’examen – mais pas à n’importe quel prix », explique Ulrik Pram Gad, de l’Institut danois d’études internationales, à nos collègues des Echos.