Taxe carbone européenne : les Etats-Unis s’avouent « préoccupés »
Dans une interview accordée au Financial Times, le « Monsieur Climat » de la nouvelle administration Biden, John Kerry, s’est dit « préoccupé » par le projet de taxe carbone aux frontières que l’Union Européenne est en train de mettre en place. Il craint pour la compétitivité des entreprises américaines.
Certes, les Etats-Unis sont de retour dans le concert des nations et le multilatéralisme a de nouveau voie au chapitre. Le nouveau président américain Joe Biden a ainsi signé le retour des Etats-Unis dans l’Accord de Paris et l’OMS. Il a aussi décidé de geler pour quatre mois les droits de douane supplémentaires imposés par l’administration Trump dans le cadre de l’affaire Airbus-Boeing.
Mais l’Oncle Sam n’est pas pour autant prêt à céder sur toutes ses prérogatives commerciales. La nouvelle administration n’a notamment pas supprimés les taxes à l’importation d’acier et d’aluminium. Et elle pourrait se montrer assez offensive sur la possible réforme de la taxation des géants du net. Dès lors, rien d’étonnant à ce que les Etats-Unis se montrent peu enthousiastes face à la volonté affichée de l’Union Européenne d’imposer une « taxe carbone » aux frontières.
Pour les Etats-Unis, la taxe carbone aux frontières ne doit être utilisée qu’en « dernier recours »
Ce 10 mars 2021, le Parlement Européen a en effet validé le principe d’une telle mesure. Il s’agirait d’appliquer un principe de droits à polluer sur les importations dans les secteurs à forte intensité énergétique (électricité, ciment, acier, aluminium, raffinage pétrolier, verre, chimie, fertilisants), qui représentant 94 % des émissions industrielles de l’Union. L’exportateur devrait alors certifier l’ « intensité carbone » de sa production. Si celle-ci est supérieure au standard européen, il devrait acquérir un quota. La taxe devrait être validée en 2022 et entrer en vigueur d’ici 2023, en commençant par certains secteurs uniquement (acier et ciment sont cités). Elle pourrait générer entre 5 et 14 milliards d’euros par an.
Ce 12 mars 2021, dans les colonnes du Financial Times, l’émissaire américain pour le climat, John Kerry, s’est dit « préoccupé » par cette taxe carbone aux frontières. Il estime notamment qu’elle ne devrait être utilisée qu’en « dernier recours », et qu’elle pourrait avoir « d’importantes conséquences pour les économies, les relations et le commerce ».