Haïti : bras de fer musclé entre le président Jovenel et une partie de l’opposition
Haïti est dans une situation politique extrêmement confuse : en vertu d’une élection présidentielle annulée en 2017, puis reportée à 2018, le président en place, Jovenel Moïse, se déchire avec l’opposition. Il estime, soutenu par l’ONU, que son mandat dure jusqu’en 2022. Une partie de l’opposition, au contraire, juge que ce mandat s’est achevé en ce début d’année, et a désigné trois juges en guise de gouvernement provisoire.
Un président contesté, qui accuse une partie de l’opposition de coup d’Etat, et qui gouverne par décrets, faute d’une assemblée pour voter les lois : en Haïti, le pays le plus pauvre du continent américain, la crise institutionnelle prend des proportions majeures.
Tout part de l’élection présidentielle de 2017, remportée par Moïse Jovenel et annulée pour fraude. Une nouvelle élection est organisée en 2018, remportée une nouvelle fois par l’actuel président. Ce dernier considère que cette date marque le début de son mandat, qui court donc jusqu’en 2022.
Moïse Jovenel, président d’Haïti en exercice, met à la retraite les juges rebelles
Mais une partie de l’opposition estime que le point de départ du mandat est bien 2017, et qu’il a pris fin en ce début 2021, et a nommé trois juges de la Cour de Cassation comme dirigeants intérimaires. Le week-end dernier, Moïse Jovenel, accusant ses opposants de fomenter un coup d’Etat, a mis les trois juges à la retraites, a procédé à une vingtaine d’arrestation, dont l’un de ces juges, en assurant avoir saisi des armes à feu et des machettes. Le tout dans un contexte où le président doit gouverner par décret, faute d’un parlement pour voter les lois, et où les violentes manifestations de contestation se multiplient.
Si l’ONU et les Etats-Unis estiment que Moïse Jovenel est bien le président légitime d’Haïti, ils l’ont appelé à revenir à un fonctionnement démocratique. Cette crise institutionnelle favorise la violence urbaine et le pouvoir des gangs, et amplifie les effets de la pauvreté endémique, dans un situation où la population hésite à sortir de chez elle.