Côte d’Ivoire : après le temps du dialogue, celui de l’élection
Du Dialogue à la nécessité d’aller aux élections
Selon un rapport d’International Crisis Group, la présidentielle devrait être reportée afin de donner une chance au dialogue entre les différentes parties (Pouvoir et opposition). Nul ne pourra remettre en cause la disposition et la volonté affichée du Président Ouattara de recourir au dialogue pour résoudre les différends avec l’opposition. En bon disciple de Félix Houphouët Boigny, pour qui « Le dialogue est l’arme des forts et non des faibles », Alassane Ouattara, après son accession au pouvoir, au lendemain de la crise postélectorale a instruit son premier ministre Ahoussou Jeannot Kouadio d’engager le dialogue Politique avec l’Opposition afin de ramener la quiétude et rassurer l’opposition sur sa volonté d’aller définitivement à la paix.
Ce dialogue qui s’est poursuivi sous la primature de Feu Amadou Gon Coulibaly a conduit à la libération de plusieurs prisonniers de la crise postélectorale parmi lesquels, Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, Mme Simone Gbagbo Ehivet, Lida Kouassi Moïse et Assoa Adou, tous deux rentrés d’exil, ainsi que plusieurs pontes de l’ex-régime. Ce sont plusieurs dizaines de milliers d’Ivoiriens qui sont rentrés d’exil. Qu’ils soient civils ou militaires. Loin de rechigner, Feu Amadou Gon Coulibaly sur instruction du Président de la République, a créé un cadre de dialogue avec l’opposition autour du processus électoral. De ce dialogue sont nés entre autres le parrainage citoyen, la hausse du cautionnement exigible pour la candidature à la présidence de la République passant de 20 millions à 50 millions de F CFA et plusieurs autres points d’accord.
La volonté du Gouvernement de créer des conditions d’élections apaisées l’a amené, alors que le processus de désignation des membres de la commission électorale indépendante était clos, à accepter l’entrée du Représentant du PDCI au sein de la CEI conformément à l’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. S’il est vrai que le dialogue ne devrait être rompu, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas en Côte d’Ivoire, il n’en est pas moins vrai que ce dialogue doit s’inscrire dans la dynamique de privilégier l’intérêt général au détriment de l’intérêt particulier. C’est à juste titre que dans sa citation, le père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne dit « Le dialogue est l’arme des forts et non des faibles, c’est l’arme de ceux qui font passer leurs problèmes généraux avant les problèmes particuliers, avant les questions d’amour propre. ». Et pour l’heure l’intérêt général, c’est de faire en sorte que le pays n’entre pas dans une sphère d’incertitude avec la non-tenue de l’élection présidentielle à la date constitutionnelle du 31 octobre.
Ce d’autant plus que rien ne garantit que suite à un report de la présidentielle, le dialogue tant appelé de l’opposition aboutisse au consensus souhaité. Et un tel schéma ouvrirait inexorablement la voie à une incertitude qui pourrait déboucher sur une crise aux conséquences incalculables. Il est certain que l’Opposition ne s’est pas vraiment préparée à aller aux élections, et cette responsabilité n’incombe qu’à elle seule. C’est ce qui explique qu’elle appelle à un report et donc à l’instauration d’une transition quoiqu’inopportune de l’avis de bon nombres d’observateurs. Si la stabilité, la paix et la cohésion sociale sont vraisemblablement ce que veut l’opposition, et avec elle tous ceux qui embouchent cette trompette, alors il faut tout simplement aller aux élections.