Guinée-Bissau : nouvelle alternance après la présidentielle ?
Au terme d’une élection aux résultats validés officiellement mais remis en question par le candidat battu, Umaro Sissoco Embalo devrait devenir le nouveau président de la Guinée-Bisau. Actuellement dans l’opposition, il devra faire face à une assemblée où domine encore le parti précédemment au pouvoir. Un danger pour ce pays particulièrement instable ?
Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau, cette ancienne colonie portugaise, a connu quatre coups d’état et seize tentatives, et des pluies de gouvernements. Un manque de stabilité qui empêche le pays de faire face à la pauvreté et la corruption endémiques qui le rongent, auxquels s’est ajouté la position prise par la Guinée-Bissau de plaque-tournante du trafic de cocaïne venu d’Amérique du Sud vers l’Europe.
Les résultats de l’élection présidentielle du 29 décembre 2019 ne devraient pas apporter cette stabilité, du moins dans l’immédiat. Car si la Commission électorale a fini par valider la victoire d’Umaro Sissoco Embalo, le candidat d’opposition, avec 53,55% des voix, son opposant battu, Domingos Simoes Pereira, membre du parti historique et dominant du pays, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, qui n’a plus grand chose à voir avec le bras armé de la lutte d’Amilcar Cabral), a décidé de contester cette défaite devant la Cour Suprême.
Un président aux mains liées ?
« Je ne saurais vous dire si la décision qui en découlera pourra annuler ou confirmer les résultats proclamés » par la commission électorale, a précisé le porte-parole de la Cour suprême, Salimo Vieira, à l’Agence France-Presse (AFP). En l’état, l’élection de M. Embalo est donc assortie d’une épée de Damoclès. Par ailleurs, l’assemblée restant aux mains du PAIGC, le nouveau président risque d’avoir de grandes difficultés à mener la politique réformiste qu’il entendait suivre.