Algérie : une élection présidentielle qui ne changera rien
L’élection présidentielle de ce jeudi 12 décembre 2019, en Algérie, est perçue comme une mascarade par les contestataires du mouvement Hirak. Tous les candidats font en effet partie du « système Bouteflika », président du pays pendant 20 ans. La participation devrait être faible, et la légitimité du nouveau président quasiment nulle.
L’actuel homme fort du pouvoir politique en Algérie, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major depuis 15 ans, aurait, selon la majorité des manifestants, organisé cette élection pour donner un visage autre que le sien comme cible prioritaire de la contestation populaire.
Depuis plusieurs mois, le mouvement populaire Hirak demande en effet non seulement le départ de l’ancien président pendant 20 ans, Abdelaziz Bouteflika (que les manifestants ont obtenu), mais celui de tous les rouages du système politique, économique et militaire mis en place. Les hommes associés à ce pouvoir sont appelé à laisser la place à une nouvelle génération de politiques.
Des salles de meeting vides, des candidats chahutés par la rue
Dès lors, l’élection présidentielle qui se tient ce jeudi 12 décembre 2019, n’a aucune chance d’éteindre la contestation. Aucun représentant d’Hirak n’a souhaité se présenter, persuadé que les dés étaient pipés à l’avance. Les cinq candidats sont donc tous issus du sérail, quatre ont été ministres sous Bouteflika, dont deux premiers ministres (même si toutes les figures les plus médiatiques de cette époque se sont retirés). La plupart de leurs meetings de campagne ont eu lieu dans des salles vides ou presque, pendant que des manifestants d’Hirak contestaient leurs légitimités.
La participation devrait donc être historiquement faible. La légitimité du président élu, qu’il le soit au premier tour ou qu’un second tour doive être organisé, sera proche du néant. Et la contestation populaire devrait se poursuivre sans aucun changement…