Législatives en Tunisie : vers une majorité introuvable ?
Les élections législatives de ce dimanche 6 octobre 2019 en Tunisie ont échoué à dégager une majorité claire. Le parti islamo-conservateur Ennahda et la formation moderniste de Nabil Karoui, Qalb Tounès, sont arrivés en tête, mais ne devraient pas obtenir plus d’un cinquième des députés. Dès lors, la formation d’une majorité de gouvernement risque de nécessité une coalition à quatre partis minimum.
Selon deux instituts de sondage, les élections législatives du dimanche 6 octobre 2019 en Tunisie, marquées par une participation en chute libre (41,3 %), ont été remportées par le parti islamo-conservateur Ennahda, avec environ 17,5 %-18 % des suffrage, juste devant Qalb Tounès (« au cœur de la Tunisie »), la formation moderniste du magnat de la télévision Nabil Karoui (entre 15,5 % et 16,2 %). Soit respectivement une quarantaine de sièges et entre 33 et 35, sur une assemblée qui en compte 217.
Pour Ennahda, il s’agit d’un net recul : en 2014, le parti avait obtenu 27,79 % des voix et 69 sièges. Pour Qalb Tounès, le score peut sembler flatteur pour une formation jeune. Mais le parti a été loin de faire le plein de voix de la branche moderniste tunisienne, dont se réclame Nabil Karoui (en prison depuis le 23 août, dans le cadre d’une affaire d’« évasion fiscale » et de « blanchiment »).
Dispersion des voix
Cette dispersion des voix a bénéficié à une multitude de formation ayant obtenu 5% des voix en plus, et qui, avec entre 10 et 15 députés, vont peser sur la création d’une éventuelle future majorité : la coalition El-Karama (proche des milieux islamistes), le Parti destourien libre (nostalgique de l’autocrate Ben Ali), le Mouvement du peuple (gauche nationalise arabe), Tahya Tounès (dissidence de Nidaa Tounès fondée par le chef de gouvernement, Youssef Chahed), Attayar (gauche)…