Publié le : mercredi 25 septembre 2019

Les énergies renouvelables gagnent du terrain dans le domaine militaire

La France s’est mise en branle pour être un des leaders de la transition énergétique. Et chaque secteur est scruté en détails. Parmi eux, la Défense. Représentant la moitié des consommations énergétiques de l’État, le secteur mise sur les énergies renouvelables.  

La prise en compte du dérèglement climatique dans les armées n’est pas nouvelle. Une transition énergétique a été initiée depuis déjà quelques années et « la Grande muette » fait figure de bon élève. Durant les huit dernières années, les émissions de gaz à effet de serre des armées ont été diminuées de 18 %, tandis que les énergies renouvelables sont passées de 2 à 16 % de la consommation d’énergie du parc immobilier militaire.

Forte d’une stratégie verte qui porte ses fruits, l’Armée compte bien aller encore plus loin, en donnant un coup d’accélérateur à la production d’électricité photovoltaïque en France grâce à… son patrimoine foncier. Avec 274 000 hectares (Métropole et outre-mer), l’armée est en effet le premier propriétaire foncier de l’État. Or, les porteurs de projets solaires ont justement besoin de terrain pour installer des panneaux.

« Une surface significative qui contribuera à atteindre les objectifs fixés par le gouvernement » 

energies-renouvelables-militaire-la-diplomatieAlors que le solaire ne représente que 3 % de la consommation électrique en France aujourd’hui, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit d’augmenter rapidement les capacités de génération d’électricité d’origine solaire durant les prochaines années, passant de 9 gigawatts aujourd’hui à plus de 40 gigawatts en 2028.

Les ambitions sont fortes, mais les leviers d’action sont parfois limités pour les opérateurs énergétiques car ils se heurtent à différents problèmes. Outre l’impossibilité d’utiliser des terres agricoles, les installations font souvent face à la fronde des riverains, qui déposent des recours. L’armée offre ainsi une solution pour dépasser ces freins, dans le cadre du plan interministériel « Place au soleil », dont l’objectif est d’augmenter les capacités de production d’énergie électrique d’origine solaire en France. Pour le moment, le ministère des Armées a identifié près de 2000 hectares de terrains exploitables pour produire de l’électricité d’origine photovoltaïque. : « une surface significative qui contribuera à atteindre les objectifs fixés par le gouvernement », pour Samy Engelstein, responsable du photovoltaïque au Syndicat des énergies renouvelables (SER).

Les terrains seront mis à disposition des opérateurs tels qu’EDF Renouvelables ou Engie d’ici à la fin de l’année 2022. A date, 100 hectares ont été cédés, et 267 hectares supplémentaires seront débloqués d’ici à la fin de l’année à Creil (60), Querqueville (50), Saint-Christol (84) et la Valbonne (01). Pour être au rendez-vous des objectifs fixés pour 2022, des appels à projets seront régulièrement lancés.

La base de Saint-Christol en référence

La ministre des Armées Florence Parly a été très claire : « C’est parce que nous avons l’empreinte environnementale la plus importante de l’État que nous avons l’impérieux devoir d’être un acteur volontaire et engagé de la transition énergétique. »

Le 5 septembre 2019, elle s’est rendue à Saint-Christol, dans le Vaucluse, où le 2ème régiment étranger de génie fait figure de modèle au sein de l’armée. L’installation d’une chaufferie biomasse alimentée par des matières végétales, un champ photovoltaïque de 1000 m2 qui chauffe l’intégralité de l’eau de la base, et des bâtiments optimisés énergiquement sont autant de procédés mis en place pour réduire la facture énergétique et l’empreinte écologique. Les résultats sont à la hauteur des investissements : outre des dépenses diminuées de 70%, la base a réduit ses consommations en énergie de 45 % et ses émissions de gaz à effet de serre de 90 % depuis 2010.

L’ambition est d’étendre autant que possible le dispositif instauré à Saint-Christol aux autres bases. La ministre poursuit : « L’armée va devenir un acteur majeur de la transition énergétique. »

Du kaki au vert

Pour y parvenir, le ministère a fixé plusieurs objectifs en matière de performance énergétique. Tout d’abord, la flotte de véhicules de l’armée va être renouvelée. En 2030, plus de la moitié des véhicules seront hybrides ou électriques. Les logements sont aussi une priorité : 5000 d’entre eux devraient être rénovés pour être aux normes énergétiques. Les chaufferies au fioul et au charbon devraient disparaître d’ici 2023. La DGA (Direction générale de l’armement) se penche par ailleurs très sérieusement sur l’utilisation des biocarburants dans les moteurs d’avion (déjà en place dans des frégates de la Marine disposant de propulseurs hybrides), tout en réfléchissant à l’utilisation de chargeurs solaires portables pour les soldats en opération.

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