Au Cameroun, le tribunal militaire chargé de juger Julius Ayuk Tabe, leader des séparatistes anglophone, et neuf de ses partisans, n’a fait preuve d’aucune clémence. Tous les accusés ont été condamnés à la prison à vie. Les avocats des séparatistes dénoncent « une parodie de justice ».

En 2016, une partie des habitants des régions anglophones du Cameroun (au Nord-Ouest et Sud-Ouest du pays) avaient manifesté pour réclamer plus de reconnaissance du pouvoir central. Devant la répression gouvernementale, certains séparatistes avaient pris les armes en 2017. Le conflit, toujours en cours, a fait plus de 2 000 morts et 530 000 déplacés.

Julius Ayuk Tabe est le leader de ces séparatistes anglophones. Il a été arrêté, à Abuja, au Nigeria, en janvier 2018, par les services de renseignement nigérians, en compagnie de 46 autres séparatistes. Son extradition, en mars 2019, vers Yaoundé, avait été jugée illégale par les autorités nigériennes.

En mai 2019, l’homme s’était dit ouvert à un dialogue avec le gouvernement, mais uniquement depuis l’étranger. Il avait demandé, pour cela, sa libération, ainsi que celle de ses compagnons.

« Ce jugement est biaisé »

Les autorités camerounaises ont, visiblement, refusé la main tendue, et ont préféré un procès devant le tribunal militaire. Julius Ayuk Tabe comparaissait, en compagnie de neuf de ses compagnons. Le verdict a été sans surprise : « Il y avait douze infractions, parmi lesquelles la révolution, le terrorisme, la sécession, la bande armée. Les prisonniers ont tous été condamnés à la prison à vie pour les douze infractions retenues » a déclaré M^e Julius Achu, l’un des avocats de l’Etat camerounais.

A cette annonce, M^e Joseph Fru, un des avocats des séparatistes a dénoncé « une parodie de justice ». « Ce jugement est biaisé, il ne fait que suivre les instructions du gouvernement. Les droits des accusés ont été enfreints, la loi n’a pas été prise en considération » complète M^e Afah Ndetan, un autre avocat des séparatistes.