Démission de Bouteflika : l’Algérie en liesse
L’annonce, par le président algérien Abdelaziz Bouteflika, de son abdication, a provoqué des scènes de liesse partout en Algérie, et notamment dans la capitale Alger. Les manifestations continues contre l’éventuel cinquième mandat de cet homme malade, au pouvoir depuis 1999, ont donc porté leurs fruits. Mais la rue veut désormais tourner totalement la page de ces vingt dernières années, et rompre avec les autres hommes forts du pouvoir en place.
Sept semaines. C’est le temps de manifestations qui a été nécessaire, depuis le 22 février, pour faire tomber un président qui s’accrochait au pouvoir depuis 1999. Vieux, malade, fatigué, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a fini par céder. Ce mardi 2 avril, il a annoncé qu’il quitterait le pouvoir avant la fin de son mandat. Renonçant, de fait, à briguer ce fameux cinquième mandat qui avait mis le feu aux poudres.
« On s’est libérés du colonialisme, on s’est libérés du terrorisme et on vient de se libérer d’un pseudo-roi »
Alors, dès l’annonce officielle de la démission du président, ils sont sortis dans les rues. Envahissant, une fois encore, l’espace public. Dans tout le pays, mais surtout à Alger, place Maurice-Audin ou devant la Grande Poste. Les manifestants rayonnaient : « Je n’aurais jamais pensé qu’on y arriverait. On a compris que l’union pèse », a déclaré Sonia, 26 ans, à l’envoyé spécial de nos collègues du Monde. « On s’est libérés du colonialisme, on s’est libérés du terrorisme et on vient de se libérer d’un pseudo-roi. Oui, après 1962, c’est notre deuxième indépendance » complète, enthousiaste, Karim, un consultant de 46 ans.
Bouteflika hors-jeu, il reste, pour les manifestants, à finir le travail, et se défaire des autres hommes forts du pouvoir. Cible prioritaire : le général Ahmed Gaïd Salah, 79 ans, qui a poussé le président à la démission et se verrait bien dans le rôle du sauveur de la nation. Mais la foule veut que le pays soit libre de choisir lui-même ses nouveaux représentants, pour tourner, définitivement, cette page de son histoire.