Publié le : jeudi 21 mars 2019

L’Afrique au coeur des enjeux d’électrification

afrique-climat-transition-energetiqueQuelques jours après le One Planet Summit au Kenya, cette première édition africaine a rappelé la place du continent africain dans la transition énergétique. Un défi dans lequel la France, à l’image d’Emmanuel Macron, entend bien jouer un rôle important.

Le 14 mars dernier, Nairobi a accueilli les dirigeants du monde à l’occasion de la troisième édition du One Planet Summit. Bien que responsable de seulement 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), l’Afrique est particulièrement concernée par le changement climatique, qui touche 65 % de sa population à travers la déforestation, la désertification et surtout l’urbanisation galopante. Alors que près de la moitié de la population africaine n’est toujours pas reliée à l’électricité, l’enjeu de la transition énergétique apparaît crucial afin de ne pas reproduire le modèle fossilo-dépendant des pays développés. Le choix de la capitale kenyane, surnommée la « Silicon Savannah » pour son foisonnement en matière d’innovation, n’était d’ailleurs pas un hasard pour accueillir ce sommet. D’autant que dans le domaine des énergies renouvelables (EnR), l’Afrique a commencé à investir massivement depuis plusieurs années. Au Kenya, 20 % des besoins énergétiques du pays sont fournis par le parc éolien du lac Turkana. En Éthiopie, plus de 95 % de la production électrique provient de la filière hydraulique. Mais c’est principalement dans le solaire que les EnR se développent, eu égard au taux d’ensoleillement exceptionnel africain. Au Maroc, la centrale Noor est l’une des plus puissantes au monde (160 MW), tandis que celle de Senergy II (20 MW), au Sénégal, permet de couvrir les besoins de 200 000 ménages.

Les entreprises françaises, championnes du solaire en Afrique

Pour poursuivre l’essor des EnR en Afrique, Emmanuel Macron ne s’est pas contenté d’ajouter 500 millions d’euros à sa contribution à l’Alliance solaire internationale, qui finance la transition énergétique dans les pays en développement. Le président français a également signé pour 2 milliards d’euros de contrats avec le Kenya, notamment une concession de 30 ans décrochée par Vinci pour l’autoroute reliant Nairobi à Mau Summit, dans l’ouest du pays (1,6 milliard d’euros). Transdev a également conclu un protocole d’accord pour la rénovation et le prolongement d’une ligne ferroviaire entre la gare et l’aéroport international de la capitale, tandis que Matière, une autre entreprise tricolore, a acté la construction de 210 ponts en zones rurales kenyanes. Nestlé, BNP-Paribas et Danone devraient, quant à eux, repartir avec un milliard d’euros de commandes supplémentaires. Dans le domaine énergétique, Voltalia a remporté la construction de deux centrales solaires (40 MW) pour 70 millions d’euros, alors que Total s’est positionné pour en finaliser une troisième. La filière solaire est particulièrement prisée des entreprises français, à l’image d’EDF, déjà impliqué depuis plus d’un an dans une joint-venture avec la startup kenyane SunCulture, constructeur de pompes solaires connectées et de systèmes d’irrigation sur mesure pour petites exploitations agricoles. Les deux partenaires ambitionnent de déployer le produit phare de la jeune pousse, Rain maker, sur l’ensemble du territoire kenyan, puis en Afrique centrale et de l’ouest. Le groupe français accompagnera également SunCulture pour développer ses autres produits et proposer des solutions de financement pour les agriculteurs. En Afrique, 60 % des terres arables sont pas cultivées, et seulement 6 % sont irriguées. EDF est aussi présent en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Sénégal, où il met à disposition des populations des kits solaires hors réseau (ou « off grid »). L’électricien y collabore notamment avec l’organisation panafricaine Energy Generation, qui œuvre à l’électrification des zones rurales d’Afrique subsaharienne à travers la formation des jeunes.

Inaction climatique : Macron répond aux attaques en France

Tandis que les entreprises françaises se posent en championnes du climat, Emmanuel Macron a profité de son déplacement à Nairobi pour répondre aux attaques sur l’inaction climatique de la France. Suite à la signature de la pétition L’Affaire du siècle par plus de deux millions de personnes et aux dernières manifestations des jeunes dans plusieurs pays d’Europe, le président français a tenu à réaffirmer son engagement pour la transition énergétique, tout en s’opposant aux formes de protestations les plus véhémentes. « Notre jeunesse nous dit : « Vous n’allez pas assez vite ». Je veux la remercier, partout dans le monde. Elle a raison de s’impatienter car nous n’avons que trop tardé », a-t-il déclaré. « Cette plainte traduit une mobilisation, a-t-il ajouté à propos du recours de plusieurs ONG contre l’État. Je ne pense pas qu’elle mènera à un débouché judiciaire et ce n’est pas là que ça se joue. Je n’achète pas cet esprit. Ce n’est pas le peuple contre le gouvernement, il faut arrêter ces bêtises. […] C’est nous tous qui devons bouger, les gouvernement, les grandes entreprises, les citoyens. Lutter contre le changement climatique, c’est changer d’habitudes. C’est très compliqué de changer d’habitudes, les gens détestent ça. » De là à opposer le mouvement des gilets jaunes et la lutte pour le climat, il n’y a qu’un pas que le chef de l’État n’a jamais été proche de franchir…

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