En Iran, Nasrin Sotoudeh condamnée à 33 ans de prison et 148 coups de fouet
Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne de 55 ans, symbole de défense des femmes qui refusent le port du voile, des prisonniers politiques et d’opinion, vient d’écoper de 33 ans de prison et de 148 coups de fouet, une peine prononcée par un tribunal révolutionnaire de Téhéran.
Nasrin Sotoudeh vient d’être condamnée par la justice iranienne à 33 ans de prison et 148 coups de fouets, pour, entre autres chefs d’accusations, « incitation à la corruption et la débauche ».
Cette avocate iranienne est devenue, dans son pays, un symbole contre la tyrannie, défenseure des droits des hommes et des femmes. Elle purge actuellement et depuis neuf mois une peine de prison de cinq ans pour « rassemblement et collusion contre le régime » et « insulte au Guide suprême » selon Mohammed Moghisseh, son juge.
Symbole féministe gênant pour le régime iranien
Nasrin Sotoudeh, a notamment défendu avec force et conviction la cause des « filles de la rue Enqelab », qui depuis 2018, se dévoilent en public pour dénoncer l’obligation du port du voile en Iran. Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, elle-même ancienne cliente de Nasrin Sotoudeh, avait expliqué : « Nasrin n’a pas peur de prendre des dossiers très délicats que les autres avocats éviteraient soigneusement ».
Une condamnation inhabituellement lourde
Amnesty International qualifie cette condamnation « d’injustice scandaleuse ». « C’est la condamnation la plus sévère recensée par Amnesty International contre la défense des droits humains en Iran ces dernières années, ce qui laisse à penser que les autorités, encouragées par l’impunité généralisée en matière de violations des droits humains, durcissent leur répression », explique l’ONG.
En France, une pétition lancée mardi 12 mars par le Conseil national des barreaux et déjà signée par plus de 13 000 personnes, demande à Emmanuel Macron d’exiger la libération de cette avocate. « La France est préoccupée par ces informations et réitère son attachement à la liberté d’opinion et d’expression et au droit de chacun à un procès équitable », a déclaré le ministère des Affaires étrangères français, via un communiqué.
Nasrin Sotoudeh s’était exprimée à propos d’une précédente condamnation : « Je sais qu’ils m’ont arrêtée parce que je défends les droits de l’homme, les militantes féministes, et que je lutte contre la peine de mort. Mais je ne les laisserai pas m’empêcher de parler. »
Techniquement, Nasrin Sotoudeh peut faire appel de cette décision judiciaire.