Publié le : lundi 25 février 2019

Égypte : avancées décisives en faveur de la liberté et de la pluralité religieuses

La construction et l’inauguration concomitantes de deux importants lieux de culte, début janvier dans la future capitale égyptienne, ne sont pas que symboliques. Elles s’inscrivent dans une stratégie à long terme qui vise à asseoir la double identité religieuse musulmane et chrétienne de L’Egypte.

« L’Égypte est une nation pour tous ». Le message que le pape copte orthodoxe Tawadros II et le Grand imam d’Al-Azhar, Ahmed el-Tayeb, ont souhaité transmettre le 6 janvier dernier, lors de la fête de Noël copte, est doublement ambitieux.

D’abord par la portée. C’est « au monde entier » que les deux hommes s’adressaient à l’occasion de l’inauguration de la cathédrale de la Nativité et de la nouvelle Grande mosquée Al-Fattah Al-Alim – soit la plus grande cathédrale du monde arabe et la plus grande mosquée d’Égypte – dans la future capitale administrative du pays, à l’est du Caire. Ils savent en effet que les responsables politiques et religieux, les fidèles et les personnes qui s’intéressent à la question du respect de toutes les communautés suivent avec attention l’évolution de la situation en Égypte, pays abritant la plus grande communauté chrétienne du monde arabe.

Les coptes représentent 10 % de la population égyptienne, soit environ 10 millions de personnes. Si la très grande majorité d’entre eux est membre de l’Eglise copte orthodoxe, il existe également une Eglise catholique et une Eglise évangélique coptes. Une diversité qui s’avère riche et inspiratrice, comme le confirme le livre Voyage en Haute-Egypte, qui permet par exemple de découvrir le courage de ces curés de campagne qui oeuvrent notamment pour arbitrer les conflits et arranger les mariages.

« Une seule et même entité citoyenne »

C’est ce qui rend le message du pape copte et du Grand imam d’Al-Azhar particulièrement ambitieux. Ce n’est pas par hasard que le premier a prononcé le discours inaugural de la mosquée Al-Fattah Al-Alim et le second celui de la cathédrale de la Nativité. Une véritable nouveauté dans le pays.

L’Égypte a en effet besoin de favoriser cette pluralité religieuse et de consolider la cohésion nationale. C’est ce qu’a rappelé le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, juste avant l’inauguration de la cathédrale de la Nativité. Le chef de l’État a souligné que musulmans et chrétiens sont « une seule et même entité citoyenne ». Il a également alerté sur le fait « qu’il y aura toujours les ennemis de la tolérance et de l’amour entre les composantes de la nation qui vont continuer à conspirer et commettre des attentats et qu’il faudra beaucoup lutter pour mettre fin à ce phénomène ».

Continuer à croire

Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, le président Sissi s’est efforcé de favoriser la diversité religieuse et de protéger tous les citoyens d’Égypte. Ainsi, une loi adoptée par le Parlement en 2016 offre une procédure administrative simplifiée pour la construction de lieux de culte (notamment chrétiens) et permet de régulariser les églises qui ont dû être bâties illégalement par le passé en raison des démarches « arbitraires et interminables jadis imposées ». Une loi qui fut très attendue, notamment dans les villages reculés de Moyenne et Haute-Egypte.

Adoptée en 2014, la nouvelle Constitution égyptienne insiste elle aussi sur la diversité religieuse et la tolérance. Si l’Islam reste la religion d’État, l’article 53 de la loi fondamentale rappelle que tous « les citoyens sont égaux devant la loi, ils ont les mêmes droits et devoirs publics et ne peuvent pas être discriminés sur la base de la religion, la croyance, le sexe, l’origine, la race, la couleur de peau, la langue, le handicap, la classe sociale, l’appartenance politique ou l’origine géographique ».

Encore faut-il faire respecter la lettre et l’esprit du texte. C’est l’objectif que s’est fixé le président Sissi, qui avait rappelé lors de son investiture que l´Église a joué un rôle important dans l’histoire de l’Égypte et a apporté des contributions indéniables pour sauvegarder l’unité nationale face à ceux qui fomentent des conflits au sein du peuple égyptien.

Son combat pour la paix et contre l’intolérance lui vaut d’ailleurs le soutien des Égyptiens et tout particulièrement de la composante copte, qui souhaiterait le voir poursuivre son mandat au-delà de 2022. L’œuvre du président Sissi rassure et permet aux Egyptiens de continuer à avoir la foi, différemment mais ensemble, et à faire grandir l’Egypte dans la pluralité religieuse et l’unité nationale.

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