Publié le : mardi 18 décembre 2018

Nicaragua : le régime d’Ortega musèle l’opposition

Huit mois après le début de la crise au Nicaragua, la contestation du président Ortega perd en visibilité, sinon en intensité. Médias indépendants et organisations non gouvernementales sont dans le viseur du gouvernement. Interdiction et emprisonnement se multiplient.

Au Nicaragua, toute forme d’opposition est muselée sans retenue par le gouvernement du président Daniel Ortega, dont la dérive autoritaire a provoqué des manifestations qui, depuis huit mois, ébranlent le pays.

Plus de 400 agressions, actes de censure ou menaces de mort contre des journalistes ont été perpétrées par la police ou des groupes paramilitaire. Le 7 novembre, le journalise Alvaro Montalvan, propriétaire de Radio Mi Voz (« radio ma voix »), un opposant particulièrement populaire, a été mis en prison sans raison officielle.

Le 3 décembre, une intervention de la police a interrompu les émissions de la station de radio d’opposition Radio Dario, pendant que le directeur de la principale chaîne de télévision d’opposition, 100 % Noticias, était accusé d’« incitation à la haine et à la violence ».

Dans le même temps, les organisations non gouvernementales trop critiques envers le pouvoir en place sont impitoyablement rayées de la carte. Entre le 10 et le 12 décembre, l’Assemblée Nationale a décidé de retirer leur statut légal à huit ONG.

Parmi elles, Hagamos Democracia (« faisons la démocratie »), l’Institut d’études stratégiques et de politiques publiques, le Centre d’information et de service de conseils de santé, et surtout l’emblématique Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh).

« Un jour très triste pour la défense des droits de l’homme dans la région »

Fondé en 1990, le Cenidh défend les victimes de toutes les oppressions gouvernementales. Il a été accusé, par l’Assemblée, d’avoir « utilisé le schéma de l’organisation pour gérer, recevoir, canaliser et faciliter des fonds pour altérer l’ordre public et réaliser des actions pour déstabiliser le pays ».

« Aujourd’hui est un jour très triste pour la défense des droits de l’homme dans la région » a commenté Amnesty International. L’organisation a jugé « alarmant que des organisations avec la trajectoire et la légitimité du Cenidh soient poursuivies (…), laissant sans défense la population du Nicaragua et empêchant que des organisations représentent les victimes et luttent pour leurs demandes de justice ».

« Il s’agit d’une résolution illégale et arbitraire. Nous continuerons à accompagner le peuple nicaraguayen de toutes les manières possibles. » a déclaré avec force la directrice du Cenidh, Vilma Nuñez – une ancienne sandiniste devenue une des principales opposantes à Daniel Ortega.

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