Togo : Tikpi Atchadam, l’opposant invisible
A quelques jours des législatives du 20 décembre, le Togo n’a toujours pas vu réapparaître publiquement Tikpi Atchadam, le leaders charismatiques du soulèvement populaire de l’été 2017. Son parti présente pourtant des candidats à ces élections.
Depuis août 2017 et les premières manifestations d’opposition au président Faure Gnassingbé, Tikpi Atchadam est un des hommes forts de la politique togolaise. Charismatique et populaire, il avait mené les manifestations de septembre 2017 et avait réussi à unifier la partie nord du pays contre le pouvoir en place, notamment les communautés tem et musulmanes, historiquement neutres politiquement.
Les premières élections législatives depuis ce soulèvement réprimé dans le sang (une douzaine de morts) auront lieu le 20 décembre au Togo. Tikpi Atchadam a depuis créé sa propre force politique, le Parti national panafricain (PNP).
Le PNP s’est allié à treize autres formations (dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC), du chef de file traditionnel de l’opposition, Jean-Pierre Fabre) au sein d’un groupe nommé la C-14. Cette dernière milite notamment pour limiter le nombre de mandats présidentiels à deux, et empêcher ainsi Faure Gnassingbé de se représenter.
La C-14 ne présentera pas de candidats uniques aux élections, pour protester contre les craintes d’irrégularité : « Nous ne faisons pas cette lutte pour être député. Nous luttons pour le changement », explique son porte-parole, Eric Dupuy. En revanche, certains partis qui la compose participeront bien aux élections, dans l’ANC et le PNP. Pour le parti de Tikpi Atchadam, cette première confrontation aux urnes sera l’occasion d’être présent à l’Assemblée du Togo.
« Sa sécurité est plus importante, car Tikpi est notre idole »
Mais cette campagne électorale et toutes les luttes sociales menées par le PNP se font, depuis octobre 2017, sans leur leader. Tikpi Atchadam n’est plus réapparu en public depuis cette date. Il communique avec ses troupes, notamment via WhatsApp. Mais sans être présent à leurs cotés. Il vivrait en exil au Ghana, par crainte pour sa sécurité.
« Atchadam est considéré comme la bête noire du pouvoir, qui ne lui laissera pas une minute de survie. Des opposants politiques ont été assassinés dans ce pays. Sa sécurité est plus importante, car Tikpi est notre idole » exposent ses militants. Certains membres de la C-14 ont toutefois dénoncé une possible stratégie d’Atchadam, qui aurait l’intetnion de réapparaitre en sauveur et en homme providentiel. Ce qui n’entame pas l’enthousiasme des membres du PNP : « Physiquement, Tikpi n’est pas là. Mais spirituellement et moralement, il est au milieu de nous » assure l’un d’entre eux.