Brexit : Theresa May (et le Royaume-Uni) dans la tempête
Au lendemain de la validation d’un projet d’accord de sortie de l’Union Européenne, la première ministre britannique Theresa May fait face à une fronde de la classe politique. Quatre membres de son gouvernement ont démissionné, et le vote de l’accord au Parlement est tout sauf assuré. Le pays semble avancer en plein brouillard.
Le 14 novembre 2018, Theresa May pouvait savourer une (petite) victoire : au terme de négociations serrées, le Royaume-Uni était parvenu à un accord avec l’Union Européenne sur les modalité de sa sortie de l’UE.
Cet accord prévoit notamment de maintenir le pays dans une union douanière avec l’Union, ainsi qu’un statut spécial pour l’Irlande du Nord, afin d’éviter le rétablissement d’une frontière physique avec l’Eire. Le tout assorti d’une période transitoire jusque fin 2020, où la situation actuelle serait maintenue.
Mais cet accord ne satisfait personne outre-Manche. « Les ‘brexiters’ durs considèrent que l’accord est mauvais parce qu’il fait trop de concessions à l’UE, notamment l’obligation pour le Royaume-Uni de rester dans l’union douanière de façon transitoire », détaille Christian Lequesne, professeur à Sciences Po.
Les proeuropéens trouvent qu’il place le Royaume-Uni dans une situation ambigüe : toujours uni à l’UE et soumis à ses règles douanières, mais sans en être membre ni pouvoir les voter. Le petit parti unioniste nord-irlandais DUP, allié historique de Theresa May, est quant à lui opposé à ce statut spécial de l’Irlande du Nord.
Un vote sous haute tension
Pour protester contre cet accord, quatre ministres du gouvernement de la première ministre viennent de démissionner. Résultat : le vote du texte est tous sauf assuré au Parlement, où le Parti Conservateur de Theresa May ne dispose que d’une courte majorité.
Les conséquences d’un rejet du texte pourraient être lourdes. Pour Theresa May, d’abord, qui risque d’être forcée de démissionner. Pour le Royaume-Uni ensuite : sortir de l’Union sans accord serait une catastrophe économique pour le pays ; rester dans l’Union sans accord serait un camouflet pour tous les brexiteurs, et un désaveu d’un référendum. Les nuages ne semblent pas près de s’éloigner d’Albion…