Sanctions américaines : l’Iran moins isolé qu’avant 2015
Les lourdes sanctions des Etats-Unis frappant l’Iran seront de nouveau actives à partir du 5 novembre, comme entre 2010 et 2015. Mais le contexte diplomatique a changé, et Téhéran apparait plus soutenu qu’à l’époque.
Durant la précédente vague de sanctions américaines contre l’Iran, entre 2010 et 2015, les rôles étaient clairement distribué : Barack Obama, président des Etats-Unis, jouissait d’un aura et d’une reconnaissance internationale de premier plan, et l’Iran était unanimement considéré comme l’un des pires régimes en place dans le monde.
Aujourd’hui, les cartes ont été rebattues. L’accord sur le nucléaire, négocié en 2015, était considéré par tous comme un « bon » accord ; le retrait des Etats-Unis, décidé unilatéralement par leur nouveau président Donald Trump, a considérablement nui à son image internationale.
De son coté, l’Iran bénéficie de son statut d’allié de la Russie aux cotés de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie et de l’image largement écornée de son rival régional, l’Arabie Saoudite, surtout depuis meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
« Personne ne pense que l’Iran est un saint, mais les visions sont plus nuancées«
« Lors du dernier round de sanctions, il y avait une vision très binaire avec l’Iran qui incarnait le mal dans la région, et les autres, alignés derrière (…) les Européens et le reste des acteurs. Il y a maintenant un débat plus (…) complexe sur les autres acteurs régionaux et on réalise que tout le monde joue un jeu très sale au Moyen-Orient. Personne ne pense que l’Iran est un saint, mais les visions sont plus nuancées« , estime ainsi Ellie Geranmayeh, spécialiste de l’Iran à l’European Council on Foreign Relations.
Pour autant, la puissance des Etats-Unis, notamment en matière économique, et les pressions faites sur le secteur privé européen, menacé de sanctions s’il continue à commercer avec l’Iran, continue de peser de tout son poids.