Incendie du musée de Rio : un « suicide national »
L’incendie qui a ravagé le musée national de Rio de Janeiro, réduisant en cendres près de 200 ans d’histoire, ne doit rien au hasard : il est le fruit direct d’un pays en crise budgétaire, qui a décidé de sabrer les crédits alloués à la recherche et à la culture.
La cause précise de l’incendie reste encore inconnue. Mais la raison pour laquelle il s’est étendu aussi vite et n’a pu être maîtrisé est, elle, parfaitement identifiée : elle est la conséquence d’une politique de coupes sombres dans les budgets de la culture et de la recherche, entamée par Dilma Rousseff et poursuivi par l’actuel président Michel Temer.
Les effets de cette politique sont, aujourd’hui, désastreux : le Musée National de Rio de Janeiro a été détruit par les flammes, dans la nuit du dimanche 2 septembre. Sur les 20 millions d’oeuvre que contenaient l’institution, seules 10% ont été sauvées.
Et le musée regorgeait de trésors, d’une valeur souvent inestimable : le squelette de Luzia, plus vieil Homo sapiens d’Amérique du Sud, daté de plus de 11 000 ans, un important patrimoine historique sur les civilisations afro-brésiliennes et les Amérindiens de l’époque pré-colombienne, des momies égyptiennes, des squelettes de dinosaures…
« Nous avons perdu notre passé, mais aussi notre avenir”
“La communauté scientifique brésilienne est en deuil. Nous avons perdu notre passé, mais aussi notre avenir” a déclaré un chercheur sur Facebook. Et si le feu a eu des effets aussi catastrophiques, c’est que la mise aux normes incendies du musée n’avait pas été effectuée, faute de financements. Pas de portes coupe-feu, pas d’extincteurs, des détecteurs de fumée HS, des réservoirs alentours insuffisamment remplis, obligeant un unique camion-citerne à faire des allers-et-retours face au brasier.
« Un pays se meurt un peu quand il détruit sa propre histoire. Cette tragédie de dimanche est une sorte de suicide national, un crime contre notre passé et contre les générations futures” a déclaré, abattu, un éditorialiste de O Globo.