Procès de Volkswagen : le dieselgate, les actionnaires et la morale
Le procès de Volkswagen contre 2 000 de ses actionnaires s’est ouvert le 10 septembre à Brunswick, en Allemagne : ces actionnaires estiment que le constructeur allemand leur a volontairement caché des informations sur les voitures aux tests antipollution truqués – le scandale révélé par l’affaire du dieselgate. Au-delà de la faramineuse compensation financière demandée (9,5 milliards d’euros), ce procès sera l’occasion de découvrir les dessous de cette affaire.
Le scandale dit « du dieselgate » va se retrouver au coeur d’un procès. En 2015, les autorités américaines ont révélé que les véhicules de la marque Volkswagen disposaient d’un logiciel leur permettant de truquer les tests d’émissions de polluants et de paraître plus propres qu’elles n’étaient.
Le scandale a entraîné le PDG du groupe dans sa chute et a profondément marqué l’image de marque de Volkswagen et de toute l’industrie allemande. Volkswagen, dont l’action a perdu la moitié de sa valeur depuis cette date funeste pour les actionnaires, ne s’en est toujours pas vraiment remis.
Le procès qui vient de s’ouvrir à Brunswick, en Allemagne, a ceci de particulier que ceux qui ont attaqué le constructeur allemand ne sont pas des consommateurs ou des Etats… mais ses actionnaires ! 2 000 d’entre eux estiment en effet que la direction du groupe leur a délibérément caché ce truquage afin qu’ils valident les choix de politique économique de Volkswagen.
« Des actionnaires qui découvrent soudain qu’ils ont un sens moral »
L’avocat de la partie civile estime que tous les investissements faits par les actionnaires depuis l’installation du logiciel truqueur (en 2005) l’ont été en méconnaissance de cause et méritent une compensation financière. Il réclame donc, en tout, 9,5 milliards d’euros – ce qui constituerait un record dans une affaire de ce type.
Un journaliste allemand n’a pas manqué de railler l’appât du gain des plaignants : “Ce sont des actionnaires qui découvrent soudain qu’ils ont un sens moral, alors qu’ils n’ont jamais cherché à savoir à quel point les véhicules diesel étaient réellement polluants lorsque les ventes leur rapportaient gros”.
Mais au-delà de ces positions morales plus que discutables, le procès, qui devrait durer des mois, permettra de découvrir tous les détails de cette affaire aux nébuleuses ramifications. La direction de Volkswagen a toujours affirmé avoir été bernée par un groupe d’ingénieurs ayant agi de leur propre chef et avoir été mis au courant par les révélations des autorités américaines. Vraiment ?