Publié le : mardi 26 juin 2018

Algérie : un blogueur condamné à 10 ans de prisons pour ses articles

En Algérie, un jeune blogueur et journaliste vient d’être condamné à 10 ans de prison pour « intelligence avec une puissance étrangère », suite à des publications, sur Facebook et YouTube, critiquant le régime et appelant à la manifestation. Amnesty International dénonce un procès politique.

Merzoug Touati, jeune blogueur algérien, a été arrêté le 18 janvier 2017 suite à deux publications sur les réseaux sociaux. Dans la première, le 2 janvier 2017, il appelait sur Facebook les habitants de Béjaïa à manifester contre la nouvelle loi de finances. Dans la seconde, le 8 janvier 2017 sur sa chaîne YouTube, il interrogeait le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, sur les déclarations des autorités algériennes qui accusait Israël d’encourager les manifestations dans le pays ; le porte-parole niait toute implication.

Il a suffi de ces deux publications pour que le jeune journaliste se retrouve sous les verrous. L’instruction a pris près d’un an et demi, durant lesquels le blogueur a protesté contre son incarcération, notamment avec une grève de la faim de trois mois.

Le verdict est tombé, le 26 mai 2018 : le Tribunal de Bejaïa l’a condamné à 10 ans de prison, cinq ans de privation de droits civiques et 50 000 dirhams d’amende pour “intelligence avec une puissance étrangère de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l’Algérie et à ses intérêts économiques essentiels” et “incitation à des attroupements non armés sur des places publiques”.

« Les manifestations pacifiques sont un droit constitutionnel”

Devant le juge, le jeune homme s’est défendu : “Je mène une enquête de journaliste citoyen sur les déclarations de l’ex-Premier ministre qui a soutenu que c’est Israël qui est derrière les émeutes du 2 janvier à Béjaïa. À chaque fois qu’il y a des manifestations contre la politique du pouvoir, on nous accuse d’être à la solde de mains étrangères. Et je n’ai communiqué aucune information à une puissance étrangère. Les manifestations pacifiques sont un droit constitutionnel.”

Son avocat estime que l’instruction a été « bâclée et à charge », sans avoir convoqué des témoins-clés, rejoignant en cela Amnesty International pour qui les messages incriminés « ne contenaient ni incitation à la violence ni appel à la haine, et que ses publications entraient dans le cadre de la liberté d’expression en lien avec son travail de journaliste citoyen. Amnesty International considère Merzoug Touati comme un prisonnier d’opinion ».

La défense a décidé d’interjeter en appel.

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