Egypte : vague d’arrestations d’opposants dans un pays plongé dans la crise
Alors que le pays est en proie à une grave crise économique, les autorités égyptiennes viennent d’annoncer l’arrestation de 28 personnes accusées d’avoir fomenté un coup d’Etat. Le point d’orgue d’une vague de répression sur les opposants et membres de la société civile.
L’Egypte semble se fragiliser sur ses bases. Car si le président al-Sissi a été réélu pour un second mandat avec un score soviétique (97%), ce plébiscite masque difficilement la profonde crise économique qui secoue le pays depuis la destitution d’Hosni Moubarak en 2011.
Cette crise a été amplifiée par la décision, en novembre 2016, de dévaluer la monnaie locale, imposée par le FMI en échange d’un prêt de 10,2 milliards d’euros. Les prix ont alors explosé, renforçant la précarité dans laquelle vivent une majorité d’Egyptiens.
Le pouvoir en place est soutenu par l’armée dont est issu l’ancien maréchal al-Sissi, mais la contestation gronde, tant du coté de la population, de la société civile, que des Frères musulmans, restés au pouvoir à peine un an suite aux premières élections post-Moubarak. Beaucoup considère le président comme illégitime, et les mouvements de remise en question gagnent en intensité.
Pour l’heure, l’exécutif répond par la fermeté : ces dernières semaines, de nombreux opposants et membres de la société civile ont été arrêté, pour leurs actions anti-gouvernementales. Ce dimanche 10 juin, ce sont 28 nouvelles personnes qui ont été déférées devant un tribunal et neuf d’entre elles incarcérées. Elles sont accusées d’avoir fomentées un coup d’Etat.
« Porter atteinte à la Constitution, aux lois et à l’unité nationale »
Elles formeraient le Conseil égyptien pour le changement, une organisation illégale. Le tribunal leur reproche « d’avoir voulu porter atteinte à la Constitution, aux lois et à l’unité nationale, ainsi que d’avoir, entre autres, diffusé de fausses nouvelles en Egypte et à l’étranger dans l’intention de nuire aux intérêts nationaux et économiques du pays ».
Une affaire qui prouve à la fois l’intensité de la contestation, et la force de la dérive sécuritaire du pouvoir en place. Une conjonction qui présage rarement des lendemains paisibles…