Faux assassinat de Babtchenko : l’Ukraine se justifie
Un journaliste sous-disant assassiné par les services secrets russes, qui se présente ensuite à une conférence de presse en assurant qu’il était bien visé par une tentative de meurtre : l’affaire Babtchenko secoue les relations, plus que tendues, entre la Russie et l’Ukraine.
L’histoire est digne d’un roman d’espionnage : mardi 29 mai, le journaliste russe Arkadi Babtchenko, très critique contre le Kremlin et vivant réfugié en Ukraine, est annoncé mort, abattu de trois balles dans le dos, provoquant de vives réactions en Russie et en Ukraine.
Mais le lendemain 30 mai, il se présente, bien vivant, à une conférence de presse, affirmant que sa mort, pourtant confirmée par les plus hautes autorités ukrainiennes, était une mise en scène visant à éviter, justement, qu’il ne soit victime d’un assassinat.
Les services de renseignement ukrainiens avaient acquis la certitude que leurs homologues russes avaient ciblés une cinquantaine de journalistes, et qu’ils s’apprêtaient à passer à l’acte, en commençant par Arkadi Babtchenko.
« Seule la stratégie choisie permettait d’éviter la mort du journaliste »
Au terme d’une rencontre avec des diplomates des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon) en poste à Kiev, pour leur expliquer le stratagème, les autorités ukrainiennes sont revenues sur le choix de cette mise en scène.
« Il a été souligné à l’attention de la communauté internationale que seule la stratégie choisie permettait non seulement d’éviter la mort du journaliste, d’empêcher un crime, de documenter les actions de l’organisateur et de recueillir des preuves (…) mais aussi de recevoir des informations concernant de possibles victimes contre lesquelles se préparaient probablement des actes terroristes et des meurtres » a déclaré le parquet ukrainien dans un communiqué.
Ce choix a été critiqué, notamment par des groupes de défense des journalistes, mais les reproches les plus cinglants sont venus de la Russie, qui a affirmé que, désormais, aucune information confirmée par les autorités ukrainiennes n’aurait plus la moindre valeur…