Publié le : jeudi 31 mai 2018

En RDC, une alliance de l’opposition sur fond de crise

Massacres, famine, épidémies… Alors que la situation des Congolais demeure difficile, les élections se font de plus en plus attendre. Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi, les principaux opposants politiques du régime Kabila comptent bien remporter les élections par une candidature commune.


Lundi 28 mai le président angolais Joao Lourenço réaffirmait à l’Elysée à Emmanuel Macron à son souhait de réaliser des élections en République Démocratique du Congo le 23 décembre, sans la participation du président hors mandat Joseph Kabila.  Le 23 mai, c’était avec Paul Kagame, président rwandais que Macron s’entretenait également sur la situation critique en RDC. Le pays traverse une période capitale sur fond de polémiques répétées pour tenter de discréditer l’opposition notamment incarnée par Moise Katumbi à la notoriété grandissante.

« En finir avec la dictature »

Felix Tshisekedi qui apparait juste derrière Katumbi dans les sondages a décidé de s’allier avec ce dernier. Ces deux principaux opposants de Kabila ont finalement décidé de proposer une candidature commune pour les élections de décembre pour faire front commun. Si les deux opposants travaillent « main dans la main pour la tenue des élections le 23 décembre, c’est qu’ils aspirent à porter les espoirs d’une nation qui aspire au changement », peut-on lire sur le compte Twitter de la plateforme de Katumbi « Ensemble pour le changement ».

Pour Moise Katumbi, Joseph Kabila est dangereux : « Nous avons dit aux pays voisins et à l’Union africaine de faire très attention, car Kabila veut défier tout le monde ». Il dénonce « un homme (Kabila) qui refuse d’organiser les élections et qui prépare le chaos et la guerre civile dans la sous région. ».

Plusieurs fois accusé par le pouvoir d’avoir voulu préparer un coup d’État, la « bête noire » du président Kabila est en effet interdit de séjour en RDC. Katumbi est également accusé d’avoir détenu la nationalité italienne d’octobre 2000 à janvier 2017, ce qui le rendrait inéligible, la RDC ne reconnaissant pas la double nationalité. Or, comme le rappelle le quotidien Jeune Afrique, si la Constitution de la RDC interdit la double nationalité, ni la majorité, ni l’opposition n’en tient réellement compte.

Katumbi promet qu’« A la face du monde, nous déclarerons qu’à la tête de notre pays, nous avons un assassin », lui qui souhaite améliorer le social, refaire les routes et les infrastructures, mais surtout « aider cette population qui est en train de souffrir ».


Bientôt le point de rupture ?

La situation reste critique en RDC où le virus Ebola a déjà fait 27 morts et continue de se propager. L’OMS estime que le risque de propagation est désormais « très élevé » : « La flambée de maladie à virus Ebola en RDC présente différentes caractéristiques particulièrement préoccupantes : un risque de propagation plus rapide étant donné que la maladie a maintenant atteint une zone urbaine [la ville de Mbandaka] » a alerté l’OMS dans une déclarationdiffusée le 18 mai.

Le21 mai, dix civils étaient tués à Beni, dans l’est du pays, par des présumés rebelles ougandais de l’Allied Democratic Forces (ADF).

Pour Gilbert Kambale, président de la société civile de Beni, la situation est d’autant plus inacceptable que le pouvoir refuse de prendre ses responsabilités. En avril, l’Assemblée nationale avait refusé d’examiner la motion de défiance présentée par la société civile contre le ministre de la Défense. « C’est un sentiment de déception totale, d’autant plus que ça fait quatre ans qu’on égorge, on tue, on kidnappe les gens et quand on veut demander à un ministre de s’expliquer devant le peuple représenté par l’Assemblée nationale, l’examen n’a pas lieu. C’est une injure et c’est cracher sur les 1 600 personnes qui sont déjà tuées depuis le 2 octobre 2014 », s’est indigné Gilbert Kambale.

Accalmie fragile

Comme si cela n’était pas suffisant, 770 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë, dont 400 000 sont gravement dénutris et menacés de mort dans la région du Kasaï, a fait savoir l’Unicef dans un rapportrendu public le 11 mai. Si certaines familles déplacées ont pu retourner au sein de leurs communautés, les violences ont fait dramatiquement baisser la productivité des terres. « Des milliers d’enfants déplacés ont passé des mois sans accès aux services dont ils ont besoin – comme les soins de santé, l’eau potable et l’éducation – et leur bien-être a énormément souffert », a déclaré Fatoumata Ndiaye, directrice générale adjointe de l’agence onusienne.

La « relative accalmie » des combats pourrait en outre se révéler très courte, la crise économique et l’instabilité politique restant profondes dans le Kasaï et sur l’ensemble du territoire national.

Pour Moïse Katumbi, la situation de violence n’a en réalité aucune chance d’évoluer tant que Joseph Kabila restera au pouvoir. « Avec lui, nous tendons vers une guerre civile », alerte l’ancien gouverneur du Katanga. Reste à patienter jusqu’aux très attendues élections de décembre.

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