Nucléaire iranien : les Etats-Unis veulent imposer leur loi
En pleines négociations pour sauver l’accord sur le nucléaire iranien et maintenir une solution diplomatique à cette délicate question, Mike Pompeo, nouveau secrétaire d’Etat américain, a envoyé un pavé dans la marre, posant douze exigences d’une ampleur inédite comme préalable à toute levée des sanctions contre l’Iran.
Le nouveau chef de la diplomatie américaine n’a pas fait dans le détail : Mike Pompeo a certes annoncé que les Etats-Unis étaient prêts à discuter avec l’Iran et à lever leurs sanctions économiques, mais seulement si Téhéran satisfaisait à des exigences plus que draconiennes.
Pour parvenir à un accord avec les Etats-Unis, l’Iran devra, sur le volet nucléaire, cesser « tout enrichissement d’uranium » et fermer son réacteur à eau lourde ; le secrétaire d’Etat a également demandé à l’Iran de « donner aux inspecteurs internationaux accès sans conditions à tous les sites du pays » et de « mettre fin à la prolifération de missiles balistiques et aux tirs ou au développement de missiles à capacité nucléaire ». En clair : l’Iran doit accepter d’être mis sous une tutelle absolue, loin de la politique de la main tendue de l’accord de 2015, que les Etats-Unis ont quitté en début de mois.
Mais Mike Pompeo ne s’est pas arrêté là : pour parvenir à un accord, l’Iran devra aussi montrer patte blanche au Moyen-Orient : se retirer de Syrie, où le pays soutient le régime de Bachar Al-Assad, ne plus s’impliquer dans les conflits régionaux, ne plus soutenir les groupes « terroristes » (Hezbollah libanais, Jihad islamique palestinien, talibans afghans et Al-Qaïda), ne plus s’ingérer dans les affaires de pays voisins comme l’Irak ou le Liban, et ne plus en menacer d’autres, comme Israël ou l’Arabie Saoudite. Autant demander à un loup de cesser de manger de la viande…
Vers les « sanctions les plus fortes de l’Histoire » ?
Le secrétaire d’Etat a promis, en conclusion, que si l’Iran ne suivait pas cette ligne de conduite, le pays s’exposerait aux « sanctions les plus fortes de l’Histoire », avec une « pression financière sans précédent sur le régime iranien ». Cette fermeté, saluée par Israël, a provoqué la colère des autorités iraniennes, qui refusent en bloc cette diplomatie coercitive, jugée d’un autre temps.
Accepter les doléances américaines serait en effet un suicide politique pour Téhéran. Cette déclaration, en plus de tendre encore davantage (si c’était possible) les relations entre l’Iran et les Etats-Unis, met à mal la volonté européenne de trouver un accord avec Téhéran.