Quand Donald Trump met la pression pour avoir « sa » Coupe du Monde
Le 13 juin 2018, le Conseil de la Fédération Internationale de Football (FIFA) désignera le pays hôte de la Coupe du Monde 2026. Sur la ligne de départ, la candidature nord-américaine, portée par des Etats-Unis revanchards, était l’immense favori, mais le lièvre pourrait se faire distancer par la tortue marocaine. Pour éviter cela, Donald Trump pèse de toute son influence dans la balance.
Certes, Donald Trump n’est pas réellement fan de « soccer » (même s’il l’a pratiqué pendant sa jeunesse). Pour autant, le président américain milite ardemment pour la victoire de la candidature nord-américaine (Etats-Unis, Canada, Mexique) à l’organisation de la Coupe du Monde de football 2026 – le deuxième événement médiatique planétaire après les Jeux Olympiques.
Ce projet est née de la défaite des Etats-Unis face au Qatar pour l’attribution de l’édition 2022. En s’associant à ses deux puissants voisins, les USA donnent encore de l’ampleur à leur candidature, tout en en gardant le contrôle (17 stades sur 23 seront sur le sol américain). En face, le Maroc partait battu d’avance chez la majorité des observateurs.
« Au départ, le Maroc n’avait aucune chance. Il y a un écart de un à 200 entre la richesse des USA et celle du Maroc. Normalement, personne ne peut battre une candidature nord-américaine » estime Jean-Baptiste Guégan, géopoliticien du sport.
« Au départ, le Maroc n’avait aucune chance »
Mais… les modalités d’attribution de la Coupe du Monde sont bien particulières : chaque nation affiliée à la FIFA dispose d’une voix. Ce qui donne autant de pouvoir à Saint-Vincent-et-Grenadine qu’à la Russie ou à la Chine. Et offre un poids conséquent à l’Afrique, 53 associations affiliés sur les 207 qui vont voter. Une Afrique qui a promis de faire front derrière la candidature marocaine.
Depuis peu, le risque d’une défaite commence à naître dans les rangs nord-américains. Les discours anti-migratoires et anti-Mexique du président Trump ne font pas une bonne publicité à une alliance des deux pays pour organiser une Coupe du Monde. Et la taille du continent nord-américain promet des déplacements très importants, majoritairement dans deux pays (Etats-Unis et Canada) peu réputés pour leur ferveur footballistique, contrairement au Maroc.
La France a ainsi apporté son soutien à la candidature marocaine, que plusieurs pays européens pourraient également favoriser.
« Pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas ? »
Mais Donald Trump déteste perdre. Il a lancé un tweet en forme de coup de pression non dissimulé à l’ensemble de l’Occident : « Les États-Unis ont mis au point un projet FORT avec le Canada et le Mexique pour la Coupe du monde 2026. Cela serait dommage que les pays que nous soutenons en toutes circonstances fassent campagne contre la candidature américaine. Pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas (y compris à l’ONU) ? ». Certains pays risquent de recevoir le message.
Hasard ou coïncidence, la FIFA a décidé de modifier les critères d’évaluation, imposant notamment que les villes hôtes disposent d’au moins 250 000 habitants. Critère rempli par les 27 villes de la candidature nord-américaine, mais pas par 3 des villes de la candidature marocaine. La fédération marocaine a, étrangement, reçu le document notifiant ce changement de règlement… la veille du dépôt de candidature.
Oui, Donald Trump déteste perdre.