Hongrie : plébiscite pour le premier ministre nationaliste Orban
Viktor Orban restera donc au pouvoir quatre ans de plus en Hongrie : un véritable ras-de-marée électoral a offert une nouvelle fois au nationaliste droitier la majorité des deux tiers au parlement. Une victoire construite sur une campagne faite de victimisation de la Hongrie, de rejet de l’immigration et d’un discours plus qu’euro-sceptique.
Le loup va rester dans la bergerie. Le Fidesz, parti du premier ministre hongrois Viktor Orban, a remporté les élections législatives, ce dimanche 8 avril. Avec une participation record de 69,1% (soit 7% de plus qu’il y a quatre ans), Orban a obtenu 48,5% des voix, de quoi lui assurer, largement, la majorité des deux tiers au parlement.
Surfant sur un discours nationaliste guerrier et musclé, l’homme a encore radicalisé ses positions durant la campagne, choisissant un « tout pour le tout » sécuritaire et anti-immigration. Beaucoup estiment qu’il a franchi la ligne jaune en défendant les théories complotistes du grand remplacement, affirmant publiquement que l’Union Européenne et l’ONU voulait organiser un remplacement des populations européennes par des réfugiés venus du Moyen-Orient ou d’Afrique.
Cela n’a pas semblé déranger ses électeurs, qui l’ont réélu pour la troisième fois. Derrière lui, le parti d’extrême droite Jobbik a obtenu 19,65% des voix, sans parvenir à améliorer son score des précédentes législatives, mais en confirmant la veine nationaliste dans laquelle s’inscrivent résolument les Hongrois.
Une très mauvaise nouvelle pour l’Union Européenne
La victoire d’Orban était attendue, mais ses proportions le maintiennent un position de force. Une mauvaise nouvelle pour l’Union Européenne, qui devrait continuer à composer avec un farouche opposant, prompt à refuser toute mesure qui gênerait sa politique. D’autant que ce résultat électoral devrait encourager le premier ministre à poursuivre ses atteintes à l’état de droit, malgré les réprimandes et avertissement de Bruxelles.
La Hongrie a ainsi l’intention d’interdire les « organisations qui s’engagent en politique » – soit tous les médias ou contre-pouvoirs trop critiques avec le gouvernement actuel. Dans le collimateurs d’Orban : Lajos Simicska, un oligarque, ancien soutien du premier ministre, devenu ennemi personnel, qui possède plusieurs médias ; et le milliardaire juif américain d’origine hongroise George Soros, cible d’une campagne aux relents antisémites de la part du gouvernement, dont les ONG et la prestigieuse Université d’Europe Centrale seraient menacés.