Publié le : vendredi 6 avril 2018

Brésil : Lula, la fin d’une icône

L’épilogue du feuilleton judiciaire autour de Lula, ancien président du Brésil, devrait avoir lieu ce vendredi après-midi : l’homme politique va être arrêté, puis il devra se présenter devant un juge, avant d’être incarcéré.

L’année 2018 aura été celle de la chute finale pour Luis Inacio « Lula » da Silva, ancien président du Brésil entre 2003 et 2010 : il est accusé depuis 2009 de corruption, une entreprise de bâtiment ayant obtenu plusieurs marchés publics en échange d’un luxueux appartement en bord de mer offert à l’homme politique. Condamné en juillet 2017 par le juge Sergio Moro à neuf ans et demi de prison pour corruption passive et blanchiment d’argent, sa peine a été aggravée, en appel, en janvier 2018, à douze ans et un mois de prison.

Lula a déposé tous les recours possibles pour éviter la prison : mais ce mercredi 4 avril, après 10 heures de débat, les juges de la Cour Suprême ont rejeté, à six voix contre cinq, sa demande d’habeas corpus – le droit de ne pas être emprisonné tant que tous les recours judiciaires n’ont pas été épuisés. Dans la foulée, le juge Moro a émis un mandat de dépôt contre l’ancien président, qui devrait être arrêté ce vendredi 6 avril dans l’après-midi. Cette fois, il n’échappera pas à la prison.

« La politique est-elle devenue folle ? La justice a-t-elle perdu la boussole ? « 

Pour l’ancienne icône du renouveau de la gauche brésilienne, qui demeure, à 72 ans, l’homme politique le plus aimé du Brésil, c’est une triste fin de carrière. Une bonne partie de la population brésilienne demeure en effet reconnaissante pour la politique qu’il a menée, de nombreux journalistes se sont indignés de la décision de la Cour Suprême, soulignant à juste titre que Lula n’était qu’un élément, certes plus médiatique et disposant de plus de pouvoir, d’un système de corruption généralisé à l’ensemble de la classe politique brésilienne.

Pour beaucoup, il fait office de victime expiatoire, voire de bouc émissaire, dans une volonté de torpiller ce qui reste de son héritage politique : « La politique est-elle devenue folle ? La justice a-t-elle perdu la boussole ? La société est-elle tombée malade ? Sommes-nous tous drogués au poison de l’irrationalité ? Comment comprendre qu’un personnage messianique comme l’ex-président Lula, qui fit la fierté de son pays, se soit soudain transformé en un homme à abattre, capable de déchaîner les pires instincts ? » a ainsi écrit, le 3 avril sur le site El Pais Brasil, le journaliste Juan Arias.

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