Publié le : mercredi 7 mars 2018

La Slovaquie en pleine crise institutionnelle suite au meurtre d’un journaliste

L’assassinat d’un journaliste d’investigation politique, dénonciateur régulier de scandales de corruption, provoque de profonds remous dans l’exécutif de la Slovaquie : le Président de la République a demandé des élections anticipées, ou un remaniement profond. Deux hommes politiques mis en cause par le journaliste ont déjà démissionné.

Son article a été publié à titre posthume, mais il a éclaboussé la classe politique slovaque : Jan Kuciak, un journaliste de 27 ans, enquêtait sur les liens troubles entre le parti SMER-SD du Premier ministre Robert Fico et le monde des affaires ; son article pointait plusieurs pointures de la politique slovaque, accusées de corruption et de collusion avec des hommes d’affaires italiens soupçonnés d’être liés à la mafia calabraise, la’Ndrangheta, opérant en Slovaquie.

Ces révélations ont poussé à la démission deux proches du premier ministre Fico, sa conseillère Maria Troskova et le responsable du conseil de Sécurité nationale Viliam Jasan, malgré leurs dénégations. Mais le jeune journaliste d’investigation n’a pas pu profiter du succès de son papier. Car Jan Kuciak a été retrouvé, dimanche 25 février, assassiné par balles à son domicile, en compagnie de sa fiancée.

Cet acte barbare a provoqué une vague de manifestations de soutien, tant dans la population que la classe politique. Les témoignages d’émotion et de défense de la liberté de la presse se sont multipliés, dans la rue et les réseaux sociaux. Le ministre de la culture a démissionné, en réaction contre ces deux meurtres.

« Aucun plan pour sortir le pays de la crise de la confiance »

Et ce dimanche 4 mars c’est le Président de la République Andrej Kiska qui est monté au créneau : « J’ai attendu une semaine pour voir quelles mesures et décisions politiques le gouvernement allait prendre pour essayer d’apaiser les tensions et rétablir la confiance. Mais aucune solution n’est évoquée. Certains ont démissionné, mais je ne vois aucun plan pour sortir le pays de la crise de la confiance » a déclaré le président.

Rappelons que le premier ministre Fico s’est régulièrement distingué par ses attaques violentes contre les journalistes, traités entre autres de « simples hyènes idiotes » ou « sales prostituées anti-Slovaques ».

Estimant le gouvernement actuel responsable du chaos dans lequel se trouvent les institutions du pays, le président Kiska a réclamé des mesures fortes : « Je vois maintenant deux solutions : un remaniement en profondeur du gouvernement (…) ou des élections anticipées qui seraient la solution la plus naturelle dans nombre de pays démocratiques ».

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