La France doit-elle rapatrier les femmes djihadistes détenues en Syrie ?
Une dizaine de djihadistes françaises sont actuellement détenues en Syrie par les forces kurdes : certaines demandent à être rapatriées en France pour y être jugées. Pour l’instant, devant la complexité du dossier, la diplomatie française joue la montre.
Au « cas par cas » : Emmanuel Macron avait résumé, en novembre 2017, la position française sur les femmes et enfants de nationalité française détenus en Syrie.
Suite à la chute de Rakka, en octobre 2017, une dizaine de femmes djihadistes françaises ont été arrêtées par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis. Elles sont enfermées dans des camps de déplacés syriens, avec leurs enfants. Parmi elles se trouve Emilie König, une pionnière du djihad, partie en Syrie dès 2012, recruteuse reconnue, placée depuis 2015 sur la liste noire des terroristes aux Etats-Unis.
Mais face à cette situation, la diplomatie française ne semble pas encore avoir pris de décision. Aucune déclaration n’a été faite ni par le Quai d’Orsay, ni par le gouvernement ou le ministère de la Justice ; aucune des prisonnières n’a reçu de visite d’un officiel français ou d’un membre des renseignements, alors que tout Français détenu à l’étranger dispose normalement d’une visite consulaire.
« Nous sommes en mesure de les juger en Syrie, ou de les remettre aux autorités françaises.«
Les forces kurdes ont pourtant parfaitement assimilé la doctrine française, et n’imposent aucune pression : « Nous sommes en mesure de les juger en Syrie, ou de les remettre aux autorités françaises. La volonté de [Paris] sera respectée », a expliqué le représentant en France du Kurdistan syrien.
Mais pour l’heure la diplomatie française ne se précipite pas à agir, la question demeurant extrêmement sensible, tant d’un point de vue de sécurité intérieure que d’opinion publique. Inquiètes de leur sort, deux des prisonnières ont fait une demande de rapatriement, afin d’être jugées en France et d’y « répondre de leurs crimes ».