Autriche : quelle diplomatie avec l’extrême droite aux Affaires Etrangères ?
Le gouvernement de coalition désormais au pouvoir en Autriche est dirigé par Sebastian Kurz, pro-européenn convaincu et ancien ministre des Affaires Etrangères. Mais pour accéder au pouvoir il a dû faire alliance avec le parti d’extrême droite FPÖ, et lui confier les ministères régaliens de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires Etrangères. Pour quelle politique diplomatique ?
Assurément Sebastian Kurz va devoir faire preuve de ses talents d’équilibriste. Car si le nouveau chancelier autrichien ne cesse de clamer son attachement à l’Union Européenne, qui est la ligne officielle du gouvernement de coalition qu’il a mis sur pied, il va devoir composer avec trois ministres d’importance issu du FPÖ.
En obtenant les ministères de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires Etrangères, le parti d’extrême-droite s’assure un poids considérable sur la politique du gouvernement, et tout particulièrement la politique étrangère et diplomatique.
L’Union Européenne va notamment devoir discuter, pour la première fois de son histoire, avec des membres d’un parti résolument nationaliste et qui réclamait encore, voici un an et demi, la sortie de l’Union de l’Autriche. Certes, depuis le FPÖ a adouci sa position, et est passé à un euroscepticisme poli.
Mais, sur des questions sensibles, la position autrichienne sera à la fois attendue et crainte, notamment la crise migratoire, la réforme de la zone euro, l’attitude face à la Russie – le FPÖ est historiquement très proche de Vladimir Poutine, et clairement favorable à la levée des sanctions européennes contre la Russie.
Se définir « contre l’Allemagne et la France » ?
« L’Autriche risque d’être amenée à se définir contre l’Allemagne et la France tant sur les questions migratoires et que sur celles de l’Etat de droit en Pologne et en Hongrie », a déclaré Charles Lichfield, un analyste pour la société de conseil Eurasia Group.
Cette entrée de membres d’un parti d’extrême-droite, alors que l’Autriche assurera la présidence de l’Union au second semestre 2018, ne va en tout vas pas faciliter la résolution de ces dossiers compliqués qui attendent l’UE ces prochains mois.